Jour de décembre

Poèmes sur les murs, mon musée s’agrandit. J’ouvre grand les fenêtres. Nouveau tableau. Carré de bleu sous mon soleil. Je m’émerveille. Je prends la photo. Carré bleu contre carré jaune. Je prolonge la vie par un jeu inédit. Etre ce que je ne suis pas et faire semblant d’y croire. C’est le meilleur moyen de trouver l’autre qui n’est pas. Enfin, je suppose. Je m’agrippe à un faux-semblant, un fantasme fantomatique ou l’inverse, allez savoir. Finalement, j’opte pour le fantôme symptomatique. Et sympathique. Pas de solution de repli. C’est la règle première. Le fantôme me poursuit. Je crois me reconnaître dans le mouvement et l’attitude. Mais le visage sans traits m’est inconnu. Je m’apprête à dessiner les vôtres. Mais non, impossible. Je ne les connais pas. Je continue d’avancer dans mon château de sable. Du haut de ma tour les sirènes m’aguichent. Elles ressemblent à tout sauf à des sirènes. Ce ne sont pas des monstres mais des anges. Je suis rassurée mais pas tout à fait. L’ange vole mais sait-il nager ? Le sable dégringole à chacun de mes pas. La dune s’accomplit dans un murmure cristallin. Je retiens les parois de mes mains, rien à faire. Le désastre s’accomplit derrière mes talons. Je ne me retourne pas, ce serait trop déprimant. Pas d’issue de secours, je le sais. Je fais semblant de ne pas savoir et je poursuis ma route. Avec l’enthousiasme obstiné d’un enfant perdu dans ses rêves. Ne pas se retourner le cauchemar me file au train. Je le sens bien. Je cherche mon héros sous les traits du fantôme. Je déambule de porte en porte. Mais dès que je pousse la roche, la chambre s’évanouit. Glissement de terrain. Je délaisse les portes pour atteindre la plus haute tour. Celle qui résiste encore. Mauvaise idée, d’innombrables marches filent en ribambelle. Sables mouvants, j’en suis certaine. Têtue, je le suis. J’attaque la première. A peine ai-je posé le pied sur la seconde, la première s’évanouit. Je ne regarde toujours pas mais mon corps enregistre le moindre soubresaut. Je monte sans me presser. L’escalier est sans fin et le sable s’écroule sans aucun état d’âme. L’ascension dure un moment. Le temps d’une vie. J’en oublie le sens et la distance. J’atteins enfin la dernière marche. Et le temps continue de crouler sous mes pas. Le hurlement d'un ange déchire l'océan. Se serait-il noyé ? Je ne regarde rien. Je ne veux pas savoir. La vérité est quelquefois insupportable.
 
 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Galerie évolutive ....

Je t'ouvre cette porte

Détail

Figement

Ecrire

Errance

Why not ?

Les souffleurs