Du ciel à mes paupières

Le ciel était saisi D’un bleu particulier La chaleur grésillait Sur la route cendrée Quand tous nos pas perdus Se sont enfin croisés Nous avons cheminé Plus loin qu’il ne fallait Un rayon fusionnait Nos doutes sans issue L’air était saturé De nos mots étouffés Les oiseaux se sont tus Quand la feuille a craqué Le temps s’est inversé Brusquement sous nos pieds Au seuil d’un inconnu Que nous avions raté Sans même y avoir cru Faute d’avoir cherché   Le ciel était saisi D’un bleu presque outrancier Et moi je jubilais Comme un soleil d’été août 2017

La colline en sommeil Emergeait d’un matin A peine imaginé Cela me suffisait Pour être encore en vie Je n’attendais plus rien   D’un recommencement Quand cent mille soleils Ont dardé leurs rayons Sur un pan délaissé   Où lézardait le temps Alors je me suis vue Retrouver cet élan   J’ai nagé sous le ciel Allégé ma conscience Avide de lumière Comme au premier regard Quand je ne savais pas Tout ce qu’il fallait faire Pour me concrétiser J’ai happé mon prénom Pour n’être qu’insouciance J’ai bu la terre entière Je voulais voir mon cœur S’épanouir en plein champ Imprégné d’innocence août 2017

Transparence des mots Qui n’ont servi à rien Le jardin s’éclaircit Tandis que la saison  S’égrène aux quatre vents Une pomme pourrit Sur le bord du chemin Le soleil a blêmi Je répète un refrain Déjà si bien appris Car je sais que le jour S’enchaîne à son prochain Je me mens à moi-même Un peu plus, un peu moins Et dans le ciel blafard S’efface doucement Un nuage à la traîne Un rêve effiloché Qui passe sans histoire Un moment que j’oublie août 2017

Rien que le temps de jouir Du peu qui m’est offert M’enivrer de matière Au parfum inédit Sans autre équivoque Que ma peau dans ton lit Peut-être trouverai-je Un endroit où je suis Loin de toute frontière Et mon corps éclaté Sur ta voûte infinie août 2017

Rien que le temps de voir Ce qui est sous-jacent Toujours un peu plus fort Toujours un peu plus grand Rien que le temps d’avoir Une autre idée des gens Toujours un peu plus belle Révéler l’existant Qui demeure en sommeil A l’envers du décor Me laisser cajoler Par le souffle du vent Mille feuilles s’envolent Une larme répand Quelque chose d’hier L’infime d’un moment Je grandis au soleil En buvant ta lumière Rien que le temps de croire Que tu es important août 2017

Rien que le temps d’aimer De prendre et de donner Sans avoir à compter Qu’importe l’avenir Sans cette vérité Offrir et s’exposer Sans avoir à mentir Oser se raconter Rien que le temps d’aller Vers l’immobilité août 2017

Rien que le temps d’aller De voir et de marcher Toujours un peu plus loin Rien que le temps de croire  A la beauté des choses Et des êtres mouvants N’avoir besoin de rien Si ce n’est du regard Qui vous rend plus vivant Au hasard d’un chemin août 2017

Je ratisse la terre  Pour ne plus gamberger Sur mon lot de misère J’éclaircis le présent M’émeus de l’ordinaire M’allège d’un fardeau Dont je ne sais que faire Je cherche à me poser Et j’apprends à me taire Dans les criaillements D’une quête éphémère Je ratisse mes vers Abrège mes désirs Avant que ma pensée Ne soit trop prolifère Je ratisse ma vie Avant que le sentier Ne brûle incidemment Que la fumée bleutée Dépose sur mon corps Son empreinte incendiaire Il faut beaucoup de temps Pour tuer les remords août 2017

Quand le soleil s’efface Je perds un peu de moi  Le jour est en lambeaux  Et la mer s’évanouit Disparaît dans un rêve Que je n’ai pas fini Inexorablement Mes pensées se morcellent La vie se désagrège La nuit me déshabille Je suis un peu plus nue Je suis un peu plus vieille Dans la fuite du temps L’horizon me renvoie Une pensée ténue Quelques notes éparses Un chant inabouti Le vague souvenir D’un paradis perdu Mais le ciel est vorace Prêt à tout engloutir Et le noir est tenace Ma mémoire est fragile août 2017

Ils étaient trente à table La nuit les enrobait Au milieu du parcours Ils s’étaient arrêtés Le temps les rassemblait Pour mieux les unifier Une parole errait Un fou rire fusait Tandis qu’ils se frottaient A la vie, à l’amour Dans une odeur d'étable Au passé retrouvé août 2017

L’étendue du regard Révèle à l’infini Une complicité Entre l’homme et la terre Mouvance d’un troupeau Tout contre la lumière Je suis L’un de tes congénères Derrière les volets S’attroupent des fourmis Sur le vert du coteau Le noyer s’épanouit Quelque part au-dedans   Un enfant a pleuré   J’absorbe le présent Animale et grégaire Comme un pan de ma vie Où viennent s’abreuver Des êtres familiers Dans un bruit de vaisselle Tintements rassurants Du petit déjeuner Je n’échangerai pas Les brumes du matin La maison qui s’éveille La rosée dans les champs Le soleil embué Les rires des enfants Les pas dans l’escalier Le vol des hirondelles La fougère élancée   Et là-haut dans le ciel Je regarde passer Dans un cri solitaire L’ombre de l’épervier août 2017

Et si nous n’avions pas Une minute à perdre Et s’il fallait sauver Le peu que nous avons ? Je suis partie pieds nus Et sans rien sur le dos Je suis partie au vent Avec mes convictions août 2017

Je suis à cet endroit Où la beauté du jour S’efface dans le soir Le ciel a déposé Un voile satiné Sur tout le paysage Sa douceur de velours Recouvre doucement L’ombre de la colline   La délicate lune Appose sa virgule Pour créer dans les airs Un moment suspendu   Aujourd’hui, sur la terre Notre amour n’a pas d’âge La cigale s’est tue Face à tant d’arguments Une lumière s’éteint Une étoile me frôle Non, je n’ai pas sommeil Là-bas, dans le lointain La colline frémit   Comme une femme émue Palpite dans le noir Soulève son échine En s’offrant à la nuit Je me donne avec elle   Et frémis moi aussi août 2017

Envie d'aller Là où le temps  Là où mes os En tas de cendre Là où le vent Pour égayer Et balayer Une incidence août 2017

Je n’ai que mon regard Ma peau et mes silences Et quelques impressions Sur le bout de mes doigts Je n’ai que l’émotion Pour te parler vraiment De quelque ressenti Auréolé d’amour Je n’ai que le présent Pour magnifier nos jours Je n’ai que la passion Pour amplifier le temps Mais si tu déversais De l’encre sur mes mains Méfie-toi du retour J’ai le verbe à outrance août 2017

Sans une invitation Le vent s’en est mêlé Le ciel s’est emporté Le feu s’est animé Le pin s’est allumé   Une passion de trop Cela lui fut fatal Un air rouge tango Quand la note entêtée A poursuivi l’écho Une croche endiablée A gagné les buissons En donnant le tempo D’une danse infernale Le vent tourbillonnait Le feu s’éparpillait Le soleil a rougi Bien avant l’extinction   Tandis que l’horizon Achevait de brûler La colline a tangué Dans l’enfer de juillet A ses pieds miroitait Une plage aux reflets De cendre et de poussière Ce fut un bel été Chaud et ensoleillé août 2017

La caresse d’un soir Aux ombres veloutées La paix s’est immiscée Dans le moindre détail Attendrit l’intérieur Délie chaque pensée Apprivoise le temps Qui nous était conté Tout paraît plus facile Sous le ciel avenant J’apparais désarmée Je deviens accessible Un battement de cœur Eclot à tes côtés Et si je te montrais Ces lieux où je me perds Si je te dévoilais Comme à un confident Quelques petits secrets Ceux qui sont bien scellés Ceux que j’imaginais Enfouis à tout jamais Si je te révélais Où sont cachées mes failles Saurais-tu d’un regard Apaiser mes excès ? août 2017

Dans le ciel adouci L’annonce d’une trêve J’avance lentement Pour ne pas effrayer Le passage d’un rêve Rien n’est à enlever Ni même à retoucher Tout semble si parfait Sur la plage enchantée Aux teintes de pastel Nos pas dans la lumière Reflètent l’essentiel En quelques pointillés Nous avons résumé Le peu qui nous est cher Empreintes accordées Ponctuant l’éphémère L’écume effacera La teneur de l’instant Je m’arrête et reprends Le cours du temps présent Sur nos pages reliées Par quelques sentiments En serrant contre moi Le juste nécessaire Août 2017

Le rythme d’une nuit Dans le souffle du vent  L’élan de notre amour A la marge du temps Une flamme dansait En brûlant d’impatience Indomptable lumière Sauvage incandescence La lune crépitait A la pointe du jour Un nuage luisait Comme un charbon ardent L’horizon s’entrouvrait Inéluctablement Une étoile filait Dans le feu dévorant Le ciel était si près D’un rêve embroussaillé Quand mon cœur a flanché Tout s’est mis à flamber Le vent nous a laissé Un goût de sans retour Le parfum de l’après Et l’amer de la cendre Août 2017

Les rues se sont vidées Sous un soleil ardent La vie s’est arrêtée Un beau jour de juillet Les gens ont disparu Dans un enchantement L’homme avec son chapeau La femme avec l’enfant Sans oublier le seau La pelle et le râteau Comme si la marée Les avait emportés Au-delà de ma vue Je ne sais pas pourquoi Je ne sais pas comment Mais je suis restée seule Avec le sentiment Qu’on m’avait oubliée Je me suis sentie nue Sans histoire et sans liens Personne à qui parler A qui tendre la main La cloche a résonné Dans un dernier écho Je me suis égarée Au milieu d’une place Aux pavés dépeuplés juillet 2017

Tout au long du parcours L’amour m’a poursuivie Et ce, quoi que je fasse La passion m’a criblée De sentiments tenaces De mots indélébiles De pensées appuyées   De paroles ciblées D’élans incontrôlés De baisers enflammés De fautes pardonnées En laissant quelques traces Sur le calendrier   L’hellébore a fleuri En plein mois de juillet Je fête tous les jours   Ma quête inassouvie Mon penchant carnivore Ma lutte sans merci   Si je ne t’aimais pas J’en aimerais un autre juillet 2017

Là-bas, un vol d’oiseaux Pénétrant les nuages Le dénouement d’un jour   S’affiche à l’horizon Et le ciel empourpré Varie les apparences Nuance le présent Rien n’est tout à fait noir Ni jamais vraiment blanc Un peu de vague à l’âme Tristesse sans raison La vie ni plus, ni moins A l’extinction des feux Le glissement du temps Au-delà des saisons Là-bas, un vol d’oiseaux Si près de l’avenir Et dans le ciel en flammes S’embrasent nos vingt juillet 2017

La soirée s’annonçait Dans le moindre détail Quelque chose changeait Tandis que le soleil S’éclipsait lentement La maison s’animait Sortait de sa torpeur On ouvrait les volets Les fenêtres en grand La chaleur s’estompait Et la vie reprenait Un petit vent léger Soufflait à l’intérieur Ravivait l’atmosphère Les ombres se frottaient A la blanche lumière Du tout dernier rayon Qui avait traversé Les branches du tilleul Pour venir épouser La fraîcheur de la pierre juillet 2017

L’été se propageait Intense et généreux Sous mon front, voyageaient Des mots sans conséquences Le ciel était si bleu Rien n’avait d’importance Le temps s’alanguissait Et mes doigts apaisaient Les dernières rancœurs Le jour était si clair Débordait d’insouciance Dans mes yeux, le désir D’un recommencement Dans l’espace, l’élan D’un geste prometteur Dans mon rire, l’éclat D’un bonheur imminent juillet 2017

Tu peux toujours partir Aussi loin que tes pieds Voudront bien te mener Tu peux déménager T’éloigner à jamais Tu peux toujours sortir En me laissant les clés Tu peux tirer un trait Dégager le plancher Je serai celle qui Apprend à patienter   Je ferai comme si Tu allais revenir   Un beau matin d’été Je ferai comme si La porte allait s’ouvrir Je ferai comme si   Rien n’était arrivé Et je t’embrasserai juillet 2017

Une vague intuition Une trace esquissée Une part inconnue Dans nos visions mêlées La tendre mousse expurge Son passé végétal La nuit était mouillée Une ambiance animale Au fond du potager La bestiole a glissé Laissant sur son passage Une empreinte musquée Intime et pénétrante Où le monde a germé Le temps d’une pensée Lourde de conséquences Un songe a disparu Sans me laisser d’adresse Une larme impromptue Sur un livre oublié Je laisse couler l’encre Volubile tristesse Inutile présent Car la pluie lavera L’esquisse de nos pas Pas besoin de serments Le jour est si futile La ligne s’amoindrit Un rayon s’affaiblit J’aurais voulu sourire Mais n’y arrive pas Je ne sais si tes yeux Se souviendront de moi juillet 2017

Nous traversons le temps Evitons la rupture Consolidons parfois Les mailles du filet Avec des bouts de rien Des bouts de tous les jours En fonction du moment Et de nos sentiments On résiste à l’usure On rit, on fait semblant Blasés du quotidien On s’arrange de tout Un peu, beaucoup, souvent   Quelquefois, on se ment On envie le voisin Sans savoir apprécier Ce qu’on a dans les mains Un bien rafistolé Unique et provisoire Fragile et nécessaire Qui n’appartient qu’à nous Au-delà de nos guerres Nos futiles rengaines Il est question d’espoir Il est question d’amour juillet 2017

Il a baissé les bras Contemplé le plancher Elle ne savait plus A quel saint se vouer Dehors, la pluie giclait Sur l’ardoise esquintée La gouttière débordait Le palmier en pleurait Et le temps pataugeait Dans le pourquoi des choses A jamais disparues   Il a baissé les yeux Pour ne s'effondrer Il a saigné un peu Quand la porte a claqué Entaillé l’atmosphère   Elle a quitté les lieux Un geste volontaire Il n’a pas dit un mot Le temps se dédoublait Dedans, c’était l’enfer   Ailleurs, c’était pareil Il a gardé la pose Le nez dans son café Quand tout se délitait Une mouche est tombée L’averse redoublait Sur l’ardoise esquintée Que dire ou bien que faire Le vent s’est emporté   Le sucre était amer L’insecte s’est noyé juillet 2017