Regain


Dans le plus grand secret, la cigale éreintée s’accorde sans relâche aux bruits du jour naissant. Une feuille se penche, une pierre a roulé. J’entends les châtaigniers sous le poids de l’été. J’entends craquer le temps dès que je fais un pas. La chaleur a baissé sans que j’y prenne garde. La trace d’un chevreuil s’attarde sur le sol. J’entends souffler ta voix, la poussière s’envole mais l’empreinte persiste. Dédiée aux quatre vents, une porte a grincé. Maison abandonnée. Pourtant le toit demeure. Et la tuile esquintée résiste sans relâche aux outrages des ans. Un mot s’est effrité. La fenêtre a claqué. Mais le lierre blessé s’accroche tant qu’il peut aux vitres dévastées. 
Je suis cette entêtée, fine liane mêlée au gris de tes cheveux. Une indisciplinée, une herbe amourachée d’un champ désaffecté. 
Quand l’automne est si près, je suis cette vivace au revers de tes yeux. 
Je suis l’aile de soie sur ta peau désertée. 
La cigale se tait.
Volatile parfum de lavande coupée
Je suis cette pensée, lumineuse à jamais.

septembre 2017


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