Attente

Une émotion se glisse entre deux calmes plats. Elle rejaillit plus loin, s’attarde et se répand avant d’être absorbée par la nuit souveraine. 
Les paroles s’envolent, les amants se déchirent, les livres prennent feu, la mémoire se délite, la peinture s’écaille, la passion s’amenuise, ton regard a pâli, l’intention s’éparpille, ta pensée se détache, le gouffre s’agrandit, l’entente s’est brisée, nos mains se sont froissées et le geste s’efface. 
J’envisage le temps dans l’immobilité. Pour ne pas me laisser submerger par l’oubli. Le détestable oubli, vorace et sans pitié. 

Mes souvenirs chancellent et je tangue avec eux. Interminables nuits, hiver omniprésent. La tâche s’agrandit.

Improbable quartier de la lune amoindrie, je projette un désir sur l’ombre des nuages. 
Des pas résonnent sous mon front. J’y mets du contenu, de la voix et du sens. Entre eux, chaque espace m’importe.
J’arrose mon verger, nettoie le tapis vert qui mène jusqu’au fruit. Je cueille un interdit, bannis les conséquences, polis le temps présent et le fais miroiter au soleil de minuit. Le reste est conjoncture. J’attends un imprévu. Afin que l’horizon s’ouvre et te concrétise. Mais le ciel est étanche.

Et si tu ne viens pas, je deviendrai statue quand l’aube percera mes dernières illusions. 
Invisible au regard, figée dans un élan à jamais contrarié.
Sous le ciel insipide, les ronces auront poussé.
Sur mon socle de pierre, les larmes auront gelé.

décembre 2017






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