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Affichage des articles du février, 2018

Période glaciaire

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Le froid nous encerclait, nos larmes étaient figées. La nuit avait laissé des trous dans nos mémoires.   Sous la plainte du jour, un astre s’est éteint. Calme plat dans la plaine.   Nos bras ne savaient plus imaginer l’étreinte. Nos regards pétrifiés fixaient dans le lointain un impossible amour. Nous étions deux statues à la saveur de sel. Deux ombres immobiles près d’un étang gelé. Les derniers reliquats d’un chagrin consommé. Par-delà les roseaux, la vie nous dédaignait. Nos cœurs étaient absents sous la paroi de pierre.   Quelque chose a frémi au creux de ton épaule. Mais tu n’as pas cillé. Ce n’était que le vent qui venait t’embrasser. Je me suis souvenue d’avoir été pour toi ce souffle élémentaire. A la morte la fontaine, je n’irai plus pleurer. février 2018

Ambiance hivernale

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Une vague de froid décrassait notre esprit. Nous marchions en silence. C’était beau tout ce blanc.   Espace immaculé où chaque nouveau pas devenait expression. C’était revivifiant. Et la branche flexible accusait sans broncher le poids indescriptible d’un froid réminiscent. Il neige à gros flocons. Tout ce ciel à nos pieds. Transparence et cristal. J’ai foulé un nuage et vu l’aile d’un cygne pal piter sur l’étang.  Le plaisir est fugace, le désir éternel, l’amour omniprésent. C’était beau tout ce temps. Rassemblé en un seul et unique visage. février 2018

L'oubli

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Ici, plus rien ne compte, excepté le présent. L’autrefois disparaît sous la froide parure. C’est un jour habillé pour une circonstance. L’acte se répétait depuis je ne sais quand.   Le temps fait son travail, l’oiseau devient frileux. Je nourris son palais de douces sensations.   J’attise ce moment où la fuite du jour devient une étincelle dans le regard de l’autre. Tu sais, quand l’horizon n’est qu ’un soleil rêvant sur la ligne éphémère où couvent nos secrets.  Ne dis-rien, s’il te plaît. Efface le chemin que nos larmes ont tracé. Le grillon s’engourdit à la chaleur du feu.   Tandis que ma mémoire s’épure, il neige sur le linge qui séchait au vent. Souffle encore s’il te plaît. Efface la buée que nos bouches ont laissé. février 2018

Jeu céleste

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La faille n’existait pas. J’avais tout colmaté pour ne pas me trahir. J’avais tout compensé pour être sans fêlure. Le soleil en veilleuse diffusait une entente. Nos ombres s’approchaient à petits pas feutrés. Le pacte était cordial. Silencieuses bavures sur le mur en écailles. Avant d’avoir vécu, nous étions condamnés. Jette un peu ton palet. Lorsque je me suis vue happée par la lumière Soudain le  jour blafard a décuplé en moi. Mon ventre devenait le centre de la terre. J’ai repris le flambeau pour ne pas m’égarer.  J’étais une fenêtre ouverte à tous les vents. Les rideaux se gonflaient, toutes voiles dehors. Alors je me suis mise à tout te raconter Je me suis déployée du début à la fin Jusqu’à l’aube céleste, jusqu’à l’universel. La pendule se lasse, l’élan est perpétuel. Ose encore, si tu sais. Aller t’aventurer au bout de la marelle. février 2018

Vers les beaux jours

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De sève et de pollen. Comme une poudre d’or, constellée de lumière. Déploiement du soleil à l’intérieur de soi. Etoiles vaporeuses et vol incandescent. Pulsations d’une entente, pénétration de l’air, étincelles de joie, accostage imminent. La prairie revêtait un voile d’innocence, des noces s’annonçaient. Bien avant la saison.   L’empressement du vent dès la levée du jour. L’accouplement sublime au réolé d’espoir, l’embrasement du ciel. L’horizon s’éparpille et nos rimes s’emmêlent.  De salive et de sueur J’ai gardé de tes bras, un souvenir ému, une douce accolade. J’ai contenu tes mots et réprimé mon cœur.   J’ai gardé l’imprévu pour contrer notre faim. Et je devins fourmi sans même le savoir. Bien avant que la neige ne se mette à tomber. A l’angle de ma vie, fleurissait ton destin. Pour ne pas te manquer, j’ai résisté au froid, pris mes dispositions pour être toujours là. De patience et d’ardeur Février, cet hiver qui n’en finit jamais tandis ma nature dé

Eveil

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De mousse et de lichen. Comme une moisissure, une masse diffuse qui buvait notre temps, puisait dans nos réserves et gagnait du terrain. Il nous restait si peu avant le dénouement. Et nos vies malmenées, rongées jour après jour, finiraient par pourrir sous les intempéries. De bruit et de senteur. Comme une émanation, une note attendue qui montait vers le ciel, puissante et généreuse. Blottie dans le sous- bois, une énergie nouvelle se frayait un chemin.   Quand la neige a fondu au soleil, j’ai su que le silence n’était pas éternel.   Dans ma boite, une lettre annonçait le printemps. février 2018

Histoire

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La mer était houleuse et le vent dans les vagues nous désarticulait. Le ciel était sinistre, jeux d’ombres dévorantes et pensées diluviennes. Quand le ciel est froissé, le pire est à venir. Des essaims de nuages s’annonçaient au-delà de l’imagination. Le désenchantement produisait son effet. D’où venais-tu déjà ? Tant de jours ont passé depuis ce moment-là. Nos bouches se descellent et l’arbre s olitaire s’épuise et se désole, écartèle ses branches au milieu du désert. J’apprends ce qu’est la soif, la patience et l’ennui. Qui étais-tu avant de t’immiscer en moi ? Décris-moi ton pays. Tant d'eau s'est déversée depuis ce moment-là. Sous la pâle lumière s’éveillait une idylle. La nuit nous propulsait sur une digue bleue. L’infini nous tendait une perche précieuse. L’intouchable parfois, se révèle accessible. Nous avons débarqué au plus près de nous deux.   Dans un temps improbable, nous nous sommes dits oui. Plus loin que ma raison, survivait cet insti

Mirage

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Je cherche quelque chose qui n’existe pas. Un bleu particulier, un océan perdu, une île exubérante, un oiseau des tropiques, avec du sable fin qui file entre les doigts.   Qui étions-nous, alors qu’un rêve abandonné dérivait sous le gris d’un ciel tant redouté ? Nous n’étions sûrs de rien. La barque avait vécu, le bois se dilatait et nous étions plus vieux de quelques errements. Le vague d’un terr ain, les débris illusoires d’un désir avorté. Sur la page bancale, la veine d’un discours tarissait lentement. On y croit beaucoup trop et puis tout s’évanouit.  Ça coule et se dissout à l’intérieur de moi tandis que la rivière amasse peu à peu ce temps qui nous échappe. J’ai caressé la vie, la vie m’a caressée. La douceur du galet m’apprenait l’essentiel. Mais voilà, je m’en veux. Un jour j’ai digressé. L’eau vive scintillait, le jour s’est amplifié. Et je me suis perdue par-delà les possibles. Quand j’ai cru que ta main m’offrait le monde entier. février 2018

A I L L E U R S

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AILLEURS, quatrième anthologie de la maison de la poésie de la Drôme, publiée aux  Editions de l'Aigrette , est née ! Couverture :  Marcelle Torn Avec les textes de : Fabrice Farre Patrick Joquel Ingrid S. Kim Agnès Bely-Cognée Jacques Cauda Roselyne Sibille Laurent Bouisset Patricio Sánchez Delphine Burnod Christophe Bregaint Malika Rafa Valerie Dorpe Nadia Gilard Pierre Rosin Aurélie Noël Eve Eden Didier Gambert Charasse Evelyne Stephanie Querite Elisabeth Granjon Cati Roman Khalid El Morabethi Sylvie Miranne Margot Darvenne Yann Dupont Eric Dausse Jacques Pierre poésie contemporaine Sophie Lagal Fabien Drouet Isabelle Long Eva Dézulier - auteur Cédric Merland Margaux Mira-Delefortrie Julien Boutreux Marjorie Tixier Emilie Notard Muriel Carrupt Laetitia Bischoff Mikael St-Honoré Irène Duboeuf Marc Guimo Béatrice Brérot Sabine Venaruzzo Jac Kallos Anne Rapp-Lutzernoff ( L'Appel d'Art ) Marie Denizot

Correspondance

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Je jette quelques mots sans attendre un retour. Papillons éphémères au peu de conséquences. Le souffle de l’oubli les emporte plus loin. Valse des sentiments et rigueur de l’hiver, j’invente un pas léger pour dérider mon corps. Un rayon de soleil me rattrape en chemin. Je rédige une lettre à la lueur du jour. Rien n’est plus démuni qu’un être sans reflet. Je contemple le mien. Je pense à ce qui est et non à ce qui fut. C’est déjà bien assez pour te parler de moi. Je me fie  au réel, je me confie au temps qui détient ma présence. Je me fie à l’instinct. Je t’écris un roman à la sueur du front. La lumière a fondu. Qui étais-tu, déjà ? Je ne vois plus très bien.   Je décrypte une image dont les traits sont brouillés. Ma mémoire est confuse et nos vies fragmentées ne sont que souvenirs ou pages déchirées. Je crée un personnage au regard familier. Je lui donne ton nom et je me sens moins seule.   La nuit peut arriver. J’alimente une flamme et conjugue au p

Après

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Comment faut-il transcrire ce qui va s’effacer … tu n’es que le rebut d’une folle tentative. Tu es l’acte manqué d’un mirage perdu. Spectateur impuissant, acteur condescendant, voyeur impénitent, voleur de sentiments.   Tu es cet excédent, rejet de la nature.   Comment faut-il décrire ce qui va nous manquer ... Pourtant il y eut l’amour, la plus belle addition d’un geste conséquent. Venu de nulle part, venu du fond des temps. Pétri dans ce jardin aux grandes effusions.   Et puis il y eut le fruit d’un paradis raté. La saveur de la chair et le goût du pépin. Jusqu’à l’amère désillusion.   Souffle le vent, tombe la pluie. C'est là que vint l’envie de tout recommencer. janvier 2018

Nouvelles

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Des pensées alignées sur le fil de la vie. Et d’autres qui s’échappent des sentiers battus.   Non, je n’ai pas fini. Il me faut ajouter tant de choses à la fois. Dehors, c’est incroyable, le soleil a percé.   Je vis contre la vitre. Je contemple le monde. Je prends plein de photos pour ne pas l’oublier. Et savoir où j’en suis sans trop le déranger. Je me vois dans un train, je ne sais plus lequel. Les immeubles sont gris. Des nuages défilent dans les peupliers. Je lis le jour qui passe sans pouvoir l’aborder. Je perds mes sensations dans l’immobilité. Je n’ai même pas froid. C’est bien, je suis en paix. J’ai posté une lettre.   Un papier composé d’une envie de savoir, sans oser demander. Qu’êtes- vous devenu ? Ici, c’est étonnant, le soleil a duré. janvier 2018

Départ

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Le dernier oiseau bleu s’ébrouait sous la pluie. Il nous fallut partir. Au risque de se perdre. J’ai enfilé ton rire comme un collier de perles et scellé d’un baiser l’embrasure de tes lèvres afin que rien ne gèle. Et là je t’ai promis d’apprendre le langage qu’on n’oublie jamais. Pour quand je reviendrai. janvier 2018