Du ciel à mes paupières

Attirance mutuelle aux confins d’un séjour Où le vent nous poussait Irréversiblement Je pense à toi depuis Qu’une graine a germé dans un lieu insoluble La puissance des mots devenait dérisoire Revivrons-nous un jour ce détail évident?   L’un vers l’autre aimanté Nous faisions sans y croire Un geste impondérable Qu’on ne peut effacer janvier 2019

Je ne fixe aucun point. Dans l’infime mesure d’une respiration, mon regard a viré. Une image s’embue sous un ciel encombré de blanches fioritures. De dehors à dedans, l’opacité des choses répand un subterfuge sur la vitre brouillée. En un geste furtif, j’essuie les jours qui passent. Au loin dans ma mémoire, une porte a claqué. Du nord à l’infini, je suis ce qui n’est plus. Debout sur la banquise, je te passe un témoin, celui d’un temps déchu. Au fond de ma pupille, les années s’accumule J nt Je souffle sur ma vie et deviens illisible. janvier 2019

Pourquoi aller là-bas ? Là-bas c’est comme ici Ici c’est comme en moi Vertige des possibles Proche et loin à la fois Dans la fuite des heures Je suis ce paysage Aux lumières changeantes Qu’on ne peut déserter Sans y laisser de soi janvier 2019

Du sommeil à la vie, il n’y avait qu’un rêve Rester ou le franchir   Pour m’éveiller au monde et sortir de l’oubli Retrouver la parole   Un semblant d’intention et quelque chose à dire De mes yeux à l’aurore, il n’y avait qu’un pas Dormir ou aller vers le soleil de midi ? Souffle du temps présent, mon regard improvise Beauté folle de l’arbre où se pose l’oiseau Comment ne pas grandir et m’ouvrir au grand jour Quand tout devient langage janvier 2019

Frisson du temps qui passe sans tragédie existentielle. Je suis à la mesure de ce grain de poussière où s’immisce le jour tandis qu’un imprévu gribouille dans le ciel ce qui n’est plus à faire.   Frisson d’un dérapage et moiteur vespérale. Une âme déambule au revers de mes doigts. Fragments bleutés, bris de lumière sous un jour dépourvu de toute circonstance.   En cette aube éthérée, glisse-toi dan s la brèche, promets-moi l’évasion. Frisson arborescent jusqu’au bout des rameaux. C’était comme un printemps. Avant le firmament et la parole sûre. Avant la floraison. Avant cette étincelle. Avant le geste mûr. Avant le mot qui dure.   A tort et à foison. Mon âme s’évapore sur un pan de l’hiver dont tu m’as revêtue. Retiens-moi, s’il te plaît Avant la mort qui use janvier 2019

Nous traversons les jours Comme on va au jardin Répondre à l’impuissance Que nous avons créée Défaire nos erreurs Redresser l’imparfait Aplanir et greffer Le fruit de nos errances Avec le cœur des gens Et puis recommencer janvier 2019

Entamer pour finir Essuyer ce qui fut Recommencer plus loin Se remettre à grandir Ailleurs et surtout là Dans le creux éperdu d’une sente sauvage Où nous avons vécu le désordre des blés Le vol des papillons La rosée virginale d’une aube scintillante Qui suis-je sans l'amour qui me boit au matin Comme si j’existais pour la première fois ? janvier 2019

Etrangeté des pas menant vers l’inconnu Crois-tu que c’est par là que nous devons aller ? A regarder le ciel, il va bientôt tomber. Il me semble si proche, prêt à nous engloutir. Serre ma main plus fort pour ne pas la lâcher J’ai toujours peur des loups, tu sais décembre 2018

Petite musique hivernale aux notes éthérées. Mon regard a heurté la muraille de brume, occultant le chemin qui mène vers le jour. Petite chanson sans refrain au message inaudible.   Les mots sont des flocons qui fondent dans ma bouche. Je ne sais quoi te dire.   Petite romance éculée après tant de saisons. Mes mains se sont froissées dans un bruit de papier, ma pensée a fléchi sous le poids du plafo nd.  Je ne sais que t’écrire. Petite sonate éventée aux relents d’amertume. Sur ma peau parchemin, je reprise un désir. Avant les grandes neiges. Au sommet de ma vie. Avant la mort certaine. Réveille-moi un peu Je ne sens plus ton corps quand le mien s’engourdit Ecris-moi un poème décembre 2018

Mon enfance, mon enfant Dans le sang, une histoire Dérivait au présent Dans le vent, nous avons Libéré nos sarments Des blessures anciennes Pour tenter d’accoucher D’une embellie rêvée Nous avons rejailli Sur l’autre qui aimait Ce que nous n’étions pas Pleins feux sur l’insensé Sous un ciel de printemps Le hasard d’une main   Parcourt une évidence Grain de blé, grain de chair   Sous le pont déserté Je t’ai donné un sens décembre 2018

Nous étions nés du même élan De la même mouture Mais nous avons grandi sans jamais nous atteindre Nos courses parallèles ont creusé des sillons Aux destins différents Lorsque sous nos racines A germé le désir D’un recommencement   Désordre naturel des choses de la vie Malgré le ciel en ruines   Nous étions plus que vrais Nous étions convaincants décembre 2018

A la lisière muette d’une forêt sans nom, un banc s’est approché de mes pas éperdus. Le sol avait blanchi tout en délicatesse. Tandis qu’un oiseau bleu traçait des hiéroglyphes dont j’ignorais le sens, les arbres se penchaient sur ma présence nue. Immobile vestige d’un temps dépenaillé, j’ai attendu longtemps que le froid me surprenne. Pas un frémissement, ni le moindre murmure quand d’un souffle de glace, l’hiver m’a pénétrée. décembre 2018

Quand l’ombre me pénètre Froide et tentaculaire Jusqu’à me dissiper   J’agrémente le temps De quelques illusions Allume des bougies Et me mets à danser Au milieu des saisons Tourbillonnent les jours Je trinque à la santé De nos vies fugitives Avant l'aube sommaire A quelle heure auras-tu Une pensée pour moi ? décembre 2018

J’ai rallumé le feu Celui de l’an dernier Et de tant d’autres jours Quand l’hiver s’est transmis De tes mots à ma bouche   J’ai senti sur ma peau   Quelque chose s’éteindre Aux nuits, les grands dilemmes   Et les questions sans fond Au présent, le vécu   Et le cours des saisons Je suis ta poursuivante   A l’aube consacrée Je viendrai t’éclairer Par n’importe quel temps décembre 2018

Il a neigé sur moi dans une plaine immense Où mes pas ont gelé Je m’absente de toi sans savoir où je vais Pouvoir me protéger du grain de ta présence Aux mots les grands remèdes et les disparitions Soudaines et spontanées Rien ... Garde au chaud mes silences décembre 2018

A l’entrée une fête Mais je ne m’y rends pas Je préfère me taire Et courir vers le fleuve En côtoyant la nuit Sous une pluie d’étoiles Je cherche qui tu es Espoir ou faux semblant ? Je te lance un appel Une sorte d’aveu Dans une mer de braises Et le bruit de ma voix Ricoche à l’infini décembre 2018

Cessons de nous dire à demain Du fond de nos tranchées sommaires Où l’on croit protéger l’aumône quotidienne Sans avoir à creuser le moindre sentiment La vie a besoin de nos ailes Dans l’intervalle inespéré Où nous avons semé Cet acte involontaire Fugace et insensé Ce semblant d’idéal Qui nous fait exister A la tige la sève A la feuille un soutien Fais-moi croire et vibrer Fais-moi te rencontrer Dans l’espace vacant Dont nous avions rêvé Fais-moi croire en l’amour Et je m’élèverai décembre 2018

Vaincre les peurs élémentaires Pour exposer ses sentiments Alors qu’une envie d’hiberner Nous pousse à l’intérieur D’une enclave chauffée A l’abri du moment Qui pourrait nous toucher décembre 2019

Relève-moi des cendres où je m’étais enfouie Un jour de mauvais grain Pour ne pas réagir aux luttes incessantes dont le temps se nourrit Irréversiblement Il faut que nous sachions puiser dans l’essentiel Sans pourvoir à demain Accepter l’oiseau mort qui raidit sur le sol La campagne déserte, le fleuve se figeant dans une morne plaine et les petits matins à peine décelables sous la brume pesante Aux portes de l’hiver, reconnais qui je suis Dans ce moule imparfait où j’ai blotti mon âme Le regard chiffonné, les lèvres sans atout et les cheveux défaits Aime-moi dans l’instant, prends-moi tel que tu es Avant que je m’égare Et que le lit ne gèle décembre 2018

A tire d’ailes, tu passais Plumes au vent dans les nuages Mon regard se tendait   Beaucoup plus haut que d’habitude Imprimait le hasard auquel tu te frottais Sans craindre l’au-delà   Je ne peux que t’aimer De quel pays viens-tu ? Le ciel se dissolvait au fur et à mesure Le froid était de neige et le matin sans voix Mon corps comme une flèche   Tentait de t’émouvoir D’atteindre quelque chose De pur et d'irréel Que pourrais-je inventer   Que tu n’aies déjà vu ? décembre 2018

Je voue une passion pour le vol éphémère D’un oiseau du présent Qui salue le matin en visant la lumière Avant de s’effacer Pour les êtres fragiles dont s’affiche la toile Incrustée de rosée Pour l’enfant qui s’élève Sur une balançoire Et va toucher le ciel Avant de m’embrasser décembre 2018

Fenêtre ouverte sur   Le jardin de décembre Dans une échappée belle, le soleil a parlé S’immisce dans les murs   Où je passe ma vie à tout repeindre en blanc Je pose un papillon sur une aspérité Dans l’attente d’un vol au souffle libertaire   Fragile corps aimant Perfection naturelle que nous avons biaisé Pour être plus clinquants L’hiver ne viendra pas, nous sommes trop pressés   Nous l’avons étouffé entre deux faux serments   Fenêtre ouverte sur Une opportunité   Aux subtiles nuances Sous le voile, l’aurore Douceur et volonté Malgré nos cœurs de pierre Un espace a fusé décembre 2018

Le jour se resserrait sur nos désillusions. La révolte sourdait quelque part au dehors tandis qu’un mauvais vent répandait la rumeur d’un désenchantement.   Entre nous, la raison reprenait ses appuis. Pourquoi sommes-nous là à contempler nos leurres ? Sous les pavés, le drame D’un acte réfléchi Sur la plage, l’épave   De nos convictions La nuit a grillagé le peu qui nous restait Choisis une couleur Je vais te dessiner un moment d’évasion Une voile, un flambeau, un soleil de midi Sur le sable, la mer   Efface nos erreurs  décembre 2018

J’ai laissé libre cours à mes élans du cœur Embrassé l’éphémère au plus près de la vie Et humé les senteurs que m’offrait le matin J’ai vécu l’instant T comme cigale au vent Sans crainte viscérale de ne rien posséder décembre 2018

Je cherche une réponse sur un papier d’antan où l'écho de ta voix bouscule ma mémoire. Sous mes doigts trop fébriles, les lignes ont tremblé. Les perruches tournoient, s’appellent et fendent l'air, repartent vers le soir sans avoir approché le pays où j’étais.   Est-ce qu'il a plu chez toi ? Je me sens un peu seule depuis cet entretien où tu m’avais conviée. Luxuriance des mots au parfum juvénile.   Dans ta déclaration, le temps rebondissait jusqu’aux confins du jour. Nous étions cette esquisse à l’espérance innée et l’amour transcendait les élans de nos corps à peine convaincus d’être ce qu’ils étaient Est-ce que ce que tu te souviens du tout premier baiser ? Raviver les bougies   Courir dans les genêts décembre 2018

Entre nous, j’ai soufflé les lumières flottantes d’un anniversaire Je ne sais plus lequel   L’automne s’engouffrait par la fenêtre ouverte mais nous n’avions pas froid Le vent était solaire et la voûte infinie Déjà tout ce temps là … je n’ai rien vu passer Ni vraiment tout compris Virevoltent les jours L’histoire se modifie, malgré toi, malgré nous Et fuse une étincelle au milieu de ma vie Tourbillonne l’amour Un moment, j’ai bien cru que j’allais m’ennuyer décembre 2018

Dans le flux nébuleux des mots en devenir, quelques rares pensées traversent mon esprit et vont mourir plus loin avant d’avoir éclos. Je deviens inaudible sous la lampe blafarde   A peine formulable Sans désir affiché ni motif apparent Sans émotion particulière Sans rien à te décrire qui soit déterminant Le vide crée du vide Et ma voix   Du silence   Au noir déconcertant Dis, comment je m’appelle ? décembre 2018

Du ciel à la couleur profonde de tes veines Un espace survient Je tente d’approcher une idée souterraine Crois-tu que l’on saurait retenir ce qui fut Tout en fêtant le jour avec le même éclat ? Dans tes mains de sourcier, l’irruption d’un poème novembre 2018

Dans les sombres remous de mon rêve esquissé, la nuit m’enveloppait d’un tissu mortuaire. Les images fuyaient, les mots se délitaient. Sur le mur éventré, suintait l’évocation de quelque chose à dire mais ma voix dérapait. Je n’avais pas de prise sur les ombres mouvantes qui venaient me narguer sans me tendre la main.  Bruits du temps que l’on froisse, le miroir perd son tain, ma mémoire s’effrite en tous petits morceaux dont je cherche le sens, une ligne à construire dans le cours d’un propos qui n’aurait pas de fin. Passe le vent maussade et clapote la pluie. Je flotte entre deux eaux, absorbe les ténèbres et vais sombrer plus loin. novembre 2018

Passagère intuitive d’un temps irrésolu, j’ai suivi au hasard les chemins intérieurs qui sillonnaient mes doutes pour tenter de donner un semblant de réponse à ce qui m’échappait. De dédale en mystère, j’ai voulu éclaircir ce qui me motivait. Je n’ai pas toujours su rester à la hauteur de qui je devenais. Les voyages sans but ont formé ma jeunesse. Je me suis égarée plus loin qu’il ne fallait.   Mais je crois que depuis, mon esprit est ouvert à toute conjoncture. novembre 2018

Lorsque j’ai décidé de rejouer la partie, le ciel était lavé de toute incertitude et propice au voyage. Je me suis programmée en mode irréfléchi sans prévoir où j’allais, dénuée d’intentions nuisant à l’imprévu.  J’ai ôté mes œillères et hasardé mes mains en pays inconnu   C’est là que je t’ai vu, occupant le lointain. Tu sais, cet horizon que l’on ne peut atteindre Alors j’ai réagi, une impulsion soudaine Auréolée de vie, j’ai sabordé l’hiver   Et tilté le soleil tout en haut de la page novembre 2018