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Affichage des articles du 2020
A refaire
Douceur effilochée Le thermomètre affiche quelques degrés en moins La bruyère s’évanouit dans les reflets brumeux qui hantent la clairière La forêt est tombée sans faire de résistance Septembre disparaît, devient tas de poussière Mes mots se désagrègent Papiers désincarnés Que je jette en pâture au silence qui règne Tant d’arbres abattus pour écrire le temps Avant qu’il ne se décompose Tout ce gâchis pour rien Ces morts sur la conscience La corbeille en est pleine. septembre 2019
Il pleut
Il pleut Le jardin reverdit Les tensions se relâchent Dans la rue, c’est l’automne Des enfants s’éclaboussent Courent après le matin Leurs rires retentissent Il pleut Une averse attendue Quelques cris s’éparpillent Un écho me revient Ricoche sur ma vie Tandis que la lumière Ebauche le début D’une nouvelle fin septembre 2019
Bleu pâle
Bleu pâle au bord du jour, la lumière a fléchi Mon regard devient flou Là-bas, c’est derrière moi Dos au soleil levant, je contemple mes pas Vestiges d’un passé bientôt inabordable Que va-t-il subsister lorsque la déferlante Se sera déchaînée dans un élan fatal ? Ici, le ciel chavire et réprime un sanglot Un peu avant l’averse Bientôt l’irréparable Il faudra s’habituer au tumulte des flots Aux rafales cinglantes Aux serments emportés Par les pluies diluviennes Bleu gris dans mon regard, la tempête fait rage Quand tout s’arrêtera Ce sera le désert Je n’aurai plus de larmes septembre 2019
Ritournelle
Une émotion m’atteint S’atténue et reprend Comme une mécanique Petit oiseau étrange Qui vient me sonner l’heure Décousue ma mémoire D’où provient cette sève ? De quel arbre viens-tu Pour durer si longtemps ? Nous écrirons cela Peut-être une autre fois Quand je me souviendrai De nos moments perdus En attendant ce jour Je sème à tous les vents Parce qu’autant de racines Au seul et même endroit Cela n’existe pas septembre 2019
Ouvrage
Je fais pour ma demeure une robe des sens Aux fils enchevêtrés De pollen et de miel De douceur et de temps Comme d’autres rapiècent un moment disparu Une musique traîne S’infiltre dans les murs Silencieuse ouvrière Je reste suspendue à l’écho permanent Inspire sa lumière Pour comprendre l’issue Et tombe quelque part Au beau milieu d’un chant Sans maîtriser la chute Je me souviens de tout Jusqu’à l’essoufflement septembre 2019
Fin de soirée
La lumière coule sur les hanches Autre chose à venir … le monde disparaît sans me laisser d’adresse Je regarde une faille et sens qu’elle se rapproche Une ombre joue encore quelques notes éparses Je flotte et je dérive, le regard ébréché Après la fête que fais-tu ? Une idée me submerge avant le noir complet. septembre 2019
Lueur
D’où vient ce mouvement Cette image furtive Quel en est le mystère ? Sur ta bouche attendrie L’ébauche du soleil Ça ressemble à l’aurore Eclaire les nuages Embellit la nature Provoque une émotion Et m'atteint en plein cœur J’aime m’approprier Ce sourire sur tes lèvres Quelle qu’en soit l’origine Le goût et la teneur A tort ou à raison Il me rend plus humaine septembre 2019
Lecture
La beauté se répand Dévale la colline Grains de vie prolifères Rouge sang Noir ébène Blanc léger Rose ardent Qui claquent sous la langue Goût de terre aux fruits mûrs Rester pendant des heures Accessible et plurielle Etancher cette soif Devenir un sarment Comprendre le langage Du fleuve qui tournoie Méandres veloutés Profondeur et silence Légèreté de l’être Je lis entre les vignes Dans le vol du héron La couleur de l’azur septembre 2019
Chutes libres
Ma mémoire amoncelle des lieux et des images Un jour, une heure Une pierre se détache et tombe incidemment De la falaise usée Où viennent se cogner les chaloupes au soleil Même la mer sent l’automne Ai-je gagné une richesse Ou bien ai-je perdu Une part de moi-même ? Parfois, en pleine nuit Je compte et je recompte Les cailloux sur la plage septembre 2019
Présence
Immobile présence Au sommet du clocher Quelqu’un veille sur moi Tilleuls au goût de vent Où les âmes se perchent Je regarde le ciel Au coq estampillé Chacun vaut ce qu’il peut Chacun prend ce qu’il voit A l’affût d’un message Je sens pousser mes ailes Les arbres ont des hauteurs Qu’on n’imagine pas septembre 2019
Traverser
Il fait froid dans mon lit Il fait jour sur ta peau Composer sans y croire Un petit air léger Notes d’ambre et d’ébène Tandis que tu appuies Ton bras sur ma fêlure Le drap se désagrège Je ramasse une image Profère un interdit Dans l’ombre découpée Un frêle pont de paille A des milliers d’années De ceux qui nous observent Traverser septembre 2019
Septembre
Nous avons estimé la course du soleil Pour border l’avenir Lisser le temps qui passe Eviter les écueils et les pièges sournois Mais la suite m’oppresse Le plafond est si bas Montre-moi d’autres routes Les chemins de traverses Les sentes odorantes Après les pluies d’été Au bout de l’arc-en-ciel Je livrerai mes failles septembre 2019
Après
Après le sable blond, les petits cailloux blancs à la saveur de sel, l’odeur exubérante des eucalyptus, les levers du soleil sur la roche effilée, le chemin un peu fou qu’on devine et qu’on perd, nos cris jetés au ciel, nos traces confondues qui courent vers la mer … me parvient peu à peu une odeur de rentrée. Sur la route défilent des terres inconnues, le mauve des bruyères, les champs disséminés et le rouge des tuiles. Parfois, une rivière. Un pont pour traverser, glisser vers la terre ferme en évitant les pièges. Ma mémoire est si vive. Mes genoux me font mal. Sur ma bouche a déteint le bleu de l’encrier, le vert du banc repeint, le baiser arraché, le noir élémentaire. J’entends crisser la craie dans une odeur de cuir, d’ardoise et de poussière. Et le bruit du palet jeté sur le bitume. septembre 2019
Arc-en-ciel
Où vais-je entendre Et croire encore Aux échos d’une voix ? Pourtant A la pointe du jour Un rien me bouleverse Là-bas Le passage est ouvert L’arabesque déploie Un hymne de beauté La pluie me considère Sur la vitre éclatée Nos mots ont descendu Bon nombre de rivières Et maintenant Où vais-je aller ? J’attends Des mains qui s'entremêlent La parole qui dure Sur la piste éphémère Aux mille objets perdus Un signe projeté A défaut d'une adresse J’attends devant mes pas Une trace avérée De toi Ou de l’autre qui fut De celui qui sera Où vais-je prendre Et tirer des racines Après tout ce temps-là Après les pluies d'été Qui n'auront pas eu lieu Après J'attends Cet imprévu août 2019
Ephémère
Le silence court entre les branches Ballade pour un jour Dont nul ne peut prétendre En connaître la fin Jamais le ciel ne fut si clair Et pourtant Un frisson me parcourt Tandis qu’une pensée Se fige A l’intérieur des mots Le temps se cristallise Sur mes bras odorants Chargés de bouquets morts Le silence court entre les branches Requiem éloquent où suintent des parfums Gorgés de souvenirs Jamais la vie ne fut si brève Danser cet air qui me revient août 2019
Migration
Ils étaient repartis vers le soleil couchant Comme un vol d’hirondelles A peine révélé Dans la fuite incessante du temps et des nuages Je cherche un point d’appui, une ambiance qui dure Je t’ai suivi sans heurts Jusqu’au bout de la ligne Jusqu’au petit matin Frileux mais attendu Face au banc immobile, l’étang se morfondait Il me faut à présent fouiller dans l’avenir En tirer quelques pistes Extraire d’une fin, un semblant d’avenir Si j’avais le courage de ne pas renoncer J’irais sans réfléchir Tu sais, je t’ai aimé Il faudra revenir août 2019
Ensemble
Sous la voûte éclairée par un soleil diffus, nous nous sommes défaits des ombres menaçantes et nos corps provisoires happés par la lumière ont pris de l’épaisseur. Ce jour-là, nous étions des êtres authentiques. Humains et bienveillants. Les mots nous paraissaient d’une simplicité presque déconcertante mais nous étions crédibles. Ce jour-là, nous nous sommes mêlés à la nature, aux rires et aux gens. Nous avons bivouaqué dans un moment à part et avons effleuré la beauté des étoiles. Nous étions disponibles. août 2019
Retour
Au creux d’un jour éteint, la colline s’endort et la lune revêt un masque évaporé. Son visage est si pâle, ses traits insaisissables. Sur son front nuageux, une énigme apparaît. Courbes et entrelacs, écouter qui ou quoi, le cœur ou le cerveau quand tout est à l’envers ? La vigne sent l’automne, les chaises ont rouillé dans le jardin d’en face. Le pommier a rougi du jour au lendemain. Mirage au bout des mots, la fin est sans appel, la nuit vient jusqu’à moi. Attirée par la digue, mon chemin se resserre. Le phare est dans la brume, les bateaux sont à quai, les voiles se referment et les mouettes se taisent. Je sens monter en moi une vague amertume. Les mâts se désagrègent, l’écume se dissolve, mes souvenirs avec. A peine une incidence dans un chuchotis. Comme un songe émoussé par la réalité. Ne plus craindre la soif. Sur un pan d’absolu, une ombre me dispense un bout d’éternité. Aller vers l’origine sans craindre ce moment où l’on croit tout perdu. Les vacances ont pris fin au bout de la
Osmose
Variation spontanée Douceur et impatience Je suis dans une histoire Dénuée d’amertume Et poursuis le chemin Qui borde mes pensées Le soleil est si vrai Les mots sont subsidiaires Je suis ce que je vois Je suis ce que je sens La saveur d’une pomme Au milieu du verger Nul ne sait si l’instant Se souviendra de moi août 2019
Brumes
Quelque part dans la vie, un coq a expulsé le premier son du jour. J’ai abrégé mon rêve aux teintes confondues et me suis retrouvée dans le noir absolu. Les yeux écarquillés, j’ai franchi les ténèbres, confuse et informelle, le visage brouillé, ne sachant où poser mon regard et mes pieds. C’était un temps étrange, celui de l’entre-deux, aux longs couloirs flottants, aux parois embrumées et aux miroirs éteints. Une porte gémit et claque dans le vent. Battements intérieurs, j’avance dans l’espoir d’atteindre les lueurs d’une aube chatoyante. Mais rien de tout cela. L’ambiance est automnale, un nuage larmoie. Sur le seuil obscurci, la brisure d’un rayon expire dans ma main. Je me suis demandée … De quel côté es-tu ? Il fait nuit ce matin. août 2019