Matière


Les deux mains dans la glaise, je donne à mon regard un prisme différent. La lumière a frôlé les ailes de l’oiseau. Sa chair a frissonné, le soleil a vibré, ma paupière a frémi, le temps s’est décuplé. Et le vent satisfait s’éloigne dans l’aurore. Un geste me suffit, un tracé dans le ciel, une courbe infinie qui rejoint l’éternel. J’accroche dans le sol l’improbable destin. L’oiseau prend son envol, s’extrait de la matière et va vers l’essentiel.
Le gris de mon crayon et le blanc d’une page. Des mots entre les doigts, je tente de répondre à mes plus beaux naufrages. L’oiseau connaît le vent, l’oiseau saisit le temps. Et moi dans ton regard, je ne suis qu’un fantôme, une âme de passage. Je transgresse indocile l’heure qui m’est comptée. L’oiseau crève la page. Je tente de le suivre, libre de toute entrave. Ses ailes de carbone s’évadent du regard. Tandis que je demeure les deux pieds sur la terre. Dans le matin blafard, un rêve s’évapore. Il sait aller plus loin que je ne sais le faire. 

novembre 2016

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Sculpture de Lysiane Schlechter




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