Articles

Affichage des articles du décembre, 2017

Maintenant

Image
Pureté d’un matin où les toits sont de glace, les vitres de cristal et nous, dans la lumière, dénués de rancune et de ressentiment. On devient plus léger, plus serein et plus grave à la fois. Dans le respect d’un temps qu’on ne peut comprimer.   On apaise la fougue d’un été révolu. On trie les souvenirs, on referme des pages. On brûle quelques lettres, on oublie nos erreurs, on range des trésors au  fond de nos tiroirs. Quelques larmes séchées, deux ou trois mots d’amour, les débris d’un roman, le parfum d’une peau, le souffle d’un baiser, les bribes d’un espoir.  Crépitement du jour, on regarde le feu assainir nos mémoires. Je remets une bûche. Je ne suis pas pressée, il faut qu’hiver se passe. Que nos chagrins se tassent. Je garde en moi ce qui me tient debout. Ton regard me suffit pour loger le présent. décembre 2017

Encore un matin

Image
Les murs ont rétréci, le plafond est si bas qu’il pèse sur mon dos. Ou bien ai-je grandi sans m’en apercevoir … Je résiste à l’oubli et repousse l’idée que tout peut s’écrouler. Comme ça, d’un seul coup. Du jour au lendemain, d’une minute à l’autre, sans que j’y puisse rien. Me retrouver sans vie sous un tas de gravats. Souvenirs, souvenirs… les paupières baissées devant l’adversité, figée dans l ’abandon avec les bras en croix. Mais voilà, je respire et j’aspire à trouver un mot libérateur qui me redonnera du souffle et de la foi. Je risque une sortie par la petite porte sans vraiment trop savoir où je pose les pieds. J’appréhende le jour. Parfois j’ai l’impression que la route est minée.   Je cherche une éclaircie, la somme d’un moment qui me fera penser que ça valait la peine d’être là, aujourd’hui. J’espère aller plus loin Le soleil s’est montré J’essaie de croire en moi Avec une pensée, pour les vivants d’ici Quelque part un enfant fait vœu d’éternité J’

Rêverie

Image
Les rides de l’étang s’imprègnent sur mon front. Une pensée s’échoue, paralyse ma voix. Que dire si ce n’est que tout a été dit Je rassemble ma vie dans une évocation sans commune mesure Le jour était si frêle qu’il courait à sa perte avant d’avoir vécu. La rigueur de l’hiver me serrait de si près que mes mains oubliaient ce qu’elles venaient chercher. Un pont s’est effondré, un rêve s’évapore tandis que tu oublies un détail à la fois. Tu sèmes notre amour comme un petit poucet. La vie a dévoré les miettes qui traînaient.   La pluie a inondé nos plaines volubiles et nourri des rivières jusqu’au bout d’une fin qui n’en était pas une. L’océan va plus loin. Je le sais, je le vois. Ton regard dans l’étang disperse les embruns et ravive une teinte aux pouvoirs permanents. Ma vision s’enchevêtre dans l’arbre qui résiste aux tumultes du temps. Une feuille verdit. J’imagine le ciel sans nuage apparent décembre 2017

Nos différences

Image
Il y a tant à dire sur le monde imparfait qui s’immisce entre nous. Je glisse une lueur sous chacun des moments qui nous a révélés. L’un à l’autre au grand jour, quand le temps s’y prêtait. Ceux qui nous ont portés plus haut que d’habitude. Ceux qui avaient le goût de la fête accomplie.  Ceux qui nous unissaient en une seule et même possibilité. Mais le vent a tourné.  Là-bas, un idéal s’étiole et  disparaît. Comme une ombre au tableau, tu deviens étranger.  J’avais pourtant pensé que tu me ressemblais. Il y a tant à dire, si nous savions traduire nos langues respectives. décembre 2017

Expiration

Image
La caresse d’une aile L’étouffement d’un bruit L’apaisement du jour Lucioles hivernales Aux abords de la ville Gardiennes de nos rêves Encore inaboutis Pleine lune et soupirs Secrets et chuchotis La vision tamisée Le velouté des mots La douceur d’une main La lettre qu’on écrit Le sentiment secret La pensée formulée A l’encre bleu de chine décembre 2017

Attente

Image
Une émotion se glisse entre deux calmes plats. Elle rejaillit plus loin, s’attarde et se répand avant d’être absorbée par la nuit souveraine.  Les paroles s’envolent, les amants se déchirent, les livres prennent feu, la mémoire se délite, la peinture s’écaille, la passion s’amenuise, ton regard a pâli, l’intention s’éparpille, ta pensée se détache, le gouffre s’agrandit, l’entente s’est brisée, nos mains se sont froissées et le geste s’efface.  J’envisage le temps dans l’im mobilité. Pour ne pas me laisser submerger par l’oubli. Le détestable oubli, vorace et sans pitié.  Mes souvenirs chancellent et je tangue avec eux. Interminables nuits, hiver omniprésent. La tâche s’agrandit. Improbable quartier de la lune amoindrie, je projette un désir sur l’ombre des nuages.   Des pas résonnent sous mon front. J’y mets du contenu, de la voix et du sens. Entre eux, chaque espace m’importe. J’arrose mon verger, nettoie le tapis vert qui mène jusqu’au fruit. Je cueille un inter

Fin de vie

Image
Ne nous dispersons pas quand novembre dissout les feuilles incendiaires d’un chapitre achevé. Il devient essentiel d’inventer un après. De souder entre nous la charnière vitale qui nous protègera d’une issue redoutable. Tout au fond du couloir, une porte a grincé. Le vent s’est engouffré. L’hiver m’a dépouillée. Le monde se transforme en une morne plaine où les corbeaux sont rois. Que va-t-il me r ester ? Quelques plumes éparses et l’odeur âpre de la mort qui plane dans les champs. Il y a du givre ce matin. Au loin, l’écho d’une sentence, le dénouement d’un drame. Les chiens halètent. Babines écumantes, les museaux ras de terre.  Un éclair a jailli à l’orée du grand bois. Gros plan sur le carnage. Des hordes d’inconnus et des crocs dans la chair. Une lutte inégale. Banale. Une couleur ardente jaillit d’une innocence. Quelqu’un a dû tirer. En épargnant nos vies, engagées malgré elles dans une course folle où rien ne les rassemble. L’horloge a déjanté. Quelqu’un a dû crie

Ah, les beaux jours !

Image
Dépêche-toi de dire ce qui doucement se consume en toi. Ces mots qui t’ont brûlé les lèvres, que tu as retenus par peur de révéler ce que tu ressentais.  Les occasions ratées sont perdues à jamais. Les actes réprimés ne sont que cendre noire où gisent les regrets.  Hâte-toi de donner ce que tu tiens secret. Aux quatre vents, sans une larme, approprie-toi l’élan qui mène vers l’aurore.  La liberté  t’attend.  Offre-toi le plaisir d’une fuite furtive. Va, sans te retourner. Eloigne-toi de l’ombre qui cherche à t’absorber.  Ose enfin être heureux. La beauté du matin n’est que fête éphémère. Paroles en cortège, la lumière coule à flots. Etincelles de joie, l’horizon s’ensoleille. Abandonne l’épave de ton rêve déchu. La rencontre est devant. Permets-toi les voyages que tu n’auras pas faits.  Laisse venir à toi, le chuchotis soyeux d’un mot dans tes cheveux. Ne modifie en rien l’émanation du jour.  Respire les embruns qui viennent du grand large.  Laisse frémir en toi, un

Petit ruisseau

Image
Lorsque le temps s’y prête, on entrevoit la vie sous un angle éclairé. Les ruisseaux mal aimés contiennent des rivières. En aparté, un jour de pluie, tes doigts me pianotaient, légers, sans impatience. Mon esprit s’envolait. De la fenêtre au lit, du lit à tes cheveux, ma pensée bondissait, m’offrait la possibilité d’un monde sans écueil. Je devenais le chant d’une idylle joyeuse sur tes lèvres sacrées. De ma bouche à ta voix, le vibrato sensible de nos cordes frottées. Petit  ruisseau deviendra grand J’imprime ma voilure, un geste éparpillé sur les effets du vent. Nuages en partance. Ils emmènent avec eux des morceaux de ma vie.  Le ciel est en guenilles. Le froid est presque là. Je retiendrai de toi l’écume au goût secret. Sel et sucre à la fois.  La salive d’un mot, l’épice d’un baiser, le parfum de nos draps, la passion de nos gestes, imprégnés de bonheur. J’explose le barrage de nos actes manqués Méandres de nos pas menant vers l’embouchure L’amour consume l

Trop aimer

Image
Je ne sais pas te dire et ne saurai jamais. Trop aimer, c’est souvent mal aimer. C’est inventer des liens pour se sentir moins seule. C’est vouloir à l’excès, jusqu’à l’emportement. Tout et n’importe quoi, sans aucune mesure. C’est avoir l’illusion de donner sans compter. Mais ce n’est que désordre. Impudeur étalée, gestes incontrôlés et mots exubérants qui claquent au moindre effet.  Je ne sais p as te dire autrement que comme ça. Qui serais-je sinon ? La femme d’à côté dont tu rêves parfois.  Justesse de ses mots, ses lèvres au bord des tiennes. Elle a ce petit quelque chose dont tu ne reviens pas. Le parfum idéal au clair d’un rendez-vous. Frugal mais essentiel.  A grandes envolées, je réclame ce dû qui ne m’appartient pas, jette mon dévolu jusqu’aux extrémités. Le désir est si fort qu’il en devient violent J’empiète sur ta vie J’imagine pour deux alors que tu es toi. Un être dissocié. Et moi, un peu plus loin.  Je ne sais pas te dire sans mettre de passion. Il