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Affichage des articles du octobre, 2016

Hors chants/Les aubes

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Les aubes s’amoncellent au revers de mes yeux. Chuchotement du vent qui frôle mes cheveux. Vibration d’un moment au cœur d’une naissance. Magie d’un renouveau. Le ciel a des couleurs qu’un dieu seul sait créer. Recueillement du temps dans le petit matin. Un ange passe. La nuit soupire encore un peu. Bruissements de la vie dans les ombres chinoises. Rien n’est encore acquis. Je suis face à l’énigme du monde. Eternelle question de ma présence ici. Je soulève un possible et touche à l’infini lorsque je tends la main. octobre 2016

Hors chants/Absence

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Je voudrais devenir une plaine habitée où les jardins seraient des havres de douceur. Des terrains protégés, propices à l’abandon. Des chantiers accordés aux multiples possibles. J’ouvre grand la fenêtre. La brume se dissipe et le ciel est sans fard. Ou est-ce ton regard que je vois apparaître ? Je recherche le monde qui contient tes pas. Ma cible difficile, silhouette indocile. Je me suis attardée sur ta trace émouvante. J’agrandis de mes mains le temps qui nous convient. L e peu qui nous contient. Le tout qui nous importe. Le beau qui nous emporte. Un décor à monter, un pont à traverser, une autre vérité. Un rêve à exprimer. Je repousse l’automne, il me semble imparfait. Je n’ai pas terminé, je n’ai pas tout saisi. Je n’ai pas tout donné. Ni vraiment tout compris. Tes mots comme un écho traversent le silence. Je fixe l’horizon qui s’ouvre devant moi. Un trou dans l’atmosphère. Un vide sidéral. Il manque une charnière. Un détail essentiel. Il manque une rivière, une traînée de ble

Hors chants/Délivrance

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Je goûte un temps qui est le mien. Apprécier cette multitude comme une page familière. Le continent de mes pensées où quelquefois tu viens échouer. J’ouvre ma chambre à tes élans. Et mes paupières nous abritent. L’immensité de mes désirs se prête aux jeux que tu inventes. Je sais que les nuages nous seront bénéfiques et le vent portera nos ébats. Encore un peu plus loin, toujours un peu plus haut. Je ne suis pas pressée, la récolte sera celle dont j’ai rêvé. Et tu viendras, p romeneur dénudé sous l’invisible étoile qui t’aura modelé. J’en découdrai de toi car c’est ma volonté. Mon lit est un palais où je t’inviterai. Mon cœur est un vaisseau sur la vague rebelle de nos idéaux. Visages épurés, lavés de tout regret. Tu me prendras d’assaut, nos vies s’enchaîneront, je te donnerai chaud. J’entends déjà ton chant, inexprimable chant qui se déjoue des mots. Un chant des profondeurs. Une note sacrée, une voix qui parvient des friches de la vie. Rien que ce cri et cette outrance qui déchaîne

Hors chants/Effeuillage

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J’aimerais tant qu’un jour tu puisses soulever le brun de mon écorce. Peu à peu dénudée, mon flanc frissonnera. Tu me distingueras parmi les herbes folles. Mon corps émergera. Mes bras comme des branches viendront à ta rencontre. Tu fouleras le temps pour venir jusqu’à moi. La clarté de tes yeux ciblera ma présence. Mais je n’attendrai pas. Je me déserterai pour approcher de toi. Tu seras l’essentiel. Je m’abandonnerai pour connaître tes doigts. Liberté de tes mains, au creu x d’une nervure, rugosité du bois. Epluche-moi encore jusqu’à cette douceur. Cette infinie douceur qui pénètre ma sève. Et ton sang se souvient des batailles perdues, l’avenir était froid. Ne crains rien je suis là. Ne doute surtout pas. La nuit comme un linceul efface sur ton front les actes antérieurs. Découvre les étoiles et vide ta conscience. Renforce de tes pas la terre où je suis née. Les racines s’entassent, ne t’embarrasse pas. Prend ce qui te revient et renouvelle-toi. Dissous le quotidien. Périssable be

Hors chants/ A peine

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Sur la frise du temps, l’horizon s’est ouvert dans un moment à part. La ligne était si claire, ciel et eau confondus, arrosés de lumière. Une fin de journée. Bord de mer déserté. Matière et transparence. Aucun trouble, à peine un tremblement à la surface des choses. A peine une ridule. A peine une émotion, diluée par la vague. A peine une fêlure sur la roche exposée. A peine un froissement dans l’air environnant. A peine un vague à l’âme, un léger flottement. A peine une rature, à peine un pincement. Quelque part un soleil qui cherche le couchant. Léger bruissement d’ailes effleurant le silence. A peine une césure entre deux sentiments. A peine une présence. Sur la pointe des pieds, se mettre en mouvement, s’immiscer dans l’instant. Aller jusqu’à demain. Pénétrer l’existence. octobre 2016

Hors chants/Nuit bleue

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Le jour s’est effrité et le soir en profite pour creuser sa vallée. Le soleil a glissé, le temps s’est déformé, la vie a ralenti. Quand le ciel s’est fendu, la lune est apparue. Le moment s’y prêtait. Une note a jailli dans la chaleur du cuivre. La beauté vient à ma rencontre. Bourdons de voix filtrées par l’atmosphère. Et nos mains qui se cherchent. L’empreinte d’une touche nous rapproche un peu plus. Puis nos doigts qui se trouvent. Le contact se fait et la note embellit au fur et à mesure. Elle enfle et s’atténue, ne devient qu’un filet avant de rejaillir, sensuelle et infinie. Ricochet de la vie.  Que demander de plus, nous étions tous les deux dans le même torrent. Humains et accessibles. Nos pas nous emportaient dans une même danse et nos yeux scintillaient. Habitants d’un monde similaire, nos âmes s’épanchaient, nos corps se retrouvaient, nos larmes étaient de joie. Dans un pays heureux, nous laissions faire le vent. Il aimait à venir souffler sur nos épaules avant de s’enro

Le silence des mots

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En attendant je suis allée Combler le temps sur un versant Sans aucune âme qui vivait Les mots m’avaient abandonnée Aucune oreille attentionnée Les tympans se désaccordaient Ma forêt s’était desséchée Aucun ami pour m’écouter Aucune branche où m’appuyer Pas de confiance à m’accorder Rien que le vent pour m’emporter Et je renais tout doucement A la faveur de ton regard Celui que tu poses sur moi Alors que je doute de tout Je vais plus loin et je me tais Mais si jamais tu m’appelais Je crois que je te répondrais Ici, ailleurs où n’importe où C’est ainsi, je me souviendrai De toi quand tu savais me lire Quand tu voulais bien me trouver Je ne suis plus qu’un interligne Vide de mots sur le papier Après tout le blanc est parfait Comme un silence élaboré Aucune erreur à prononcer L’essentiel est à inventer octobre 2016

Hors chants/Paroles

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Je n’ai pas maîtrisé le cours des éléments. Le temps avait changé, le vent s’était levé. Je me suis accrochée, tenace et décidée. J’ai attendu longtemps et j’ai fermé les yeux quand le ciel a grondé. L’orage s’amplifiait et les feuilles volaient. Les mots s’entretuaient et se désintégraient. C’était un peu comme s’ils n’avaient pas existé. Quand tout fut balayé, je me suis retrouvée aphone et désarmée. Je n’ai su enchaîner, tout semblait si futile. Des paroles sans fond, une  prose inutile. Je n’étais plus qu’un point. Rouge de l’interdit. Mais j’étais sur ma faim. C’était comme une absence. Comme une conclusion venue un peu trop vite. L’arrêt en plein élan. Le coup était porté. Impossible d’aller voguer un peu plus loin. La force du destin qui me plaque et retient le flot de mes pensées. Ce fut un beau voyage, j’ai gardé ton image. En secret dans un coin. Et voilà cette histoire qui n’en était pas une, devant s’arrêter là. Tout le monde descend. Mais ça ne me va pas. La fin s’est dé

Le pourquoi de ma chair

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Mes jours ont rétréci Sans que j’y puisse rien Qui suis-je ce matin ? Parmi les ombres fortes Qui gagnent du terrain Je doute de moi-même Je ne sais plus très bien J’ai perdu dans la nuit Un peu de ma personne Un rêve inabouti Un souvenir en moins L’automne est à ma porte Il fait froid au jardin Le mauve de l’aster Apparaît dans un coin Bientôt les chrysanthèmes Et je les vois déjà Envahir les rayons Avant de terminer Sur la pierre tombale Dans un dernier frisson Offrande végétale Sacrifice inutile Il aurait mieux valu Laisser pousser l’ivraie La lavande est en grains J’ai rentré mes regrets Et cueilli un bouquet Fait de pluie, de soleil J'irai te l'apporter Egrener dans le vent Ce que je n’ai pas su T’offrir en temps voulu Le plus élémentaire Et le plus encombrant D’une fille à un père Mes meilleurs sentiments Face à la grande mer Je te parle souvent Le doux de mon regard Affleurera la côte Où tu as disparu octobre 2016

Nuages

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Il y a ce que je pense Et puis ce que je dis Parfois une distance Où vit le compromis Lorsque je fais silence C’est pour ne pas trahir Le fond de ma pensée Je préfère éluder Et me mettre à rêver Regarder les nuages Qui traînent si légers Aussi blancs qu’une page Où rien n’a commencé octobre 2016

Vestiges

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Mes jours ont rétréci Sans que j’y puisse rien Qui suis-je ce matin ? Parmi les ombres fortes Qui gagnent du terrain Je doute de moi-même Je ne sais plus très bien J’ai perdu dans la nuit Un peu de ma personne Un rêve inabouti Un souvenir en moins L’automne est à ma porte Il fait froid au jardin Le mauve de l’aster Apparaît dans un coin Bientôt les chrysanthèmes Et je les vois déjà Envahir les rayons Avant de terminer Sur la pierre tombale Dans un dernier frisson Offrande végétale Sacrifice inutile Il aurait mieux valu Laisser pousser l’ivraie La lavande est en grains J’ai rentré mes regrets Et cueilli un bouquet Fait de pluie, de soleil J’irai te les donner Egrener dans le vent Ce que je n’ai pas su T’offrir en temps voulu Le plus élémentaire Et le plus encombrant D’une fille à un père Mes meilleurs sentiments Face à la grande mer Je te parle souvent Le doux de mon regard Affleurera la côte Où tu as

Hors chants/la chaleur de la braise

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Dans le secret des nuits qui nous appartiendront, nous donnerons du sens à chacun de nos actes et franchirons l’écart de l’incompréhension. Nous boirons tous les deux à la coupe du temps et nos désirs prendront une saveur commune. Ton regard en miroir, je saurai me trouver malgré l’obscurité. Rien ne sera chimère, tu seras vérité. Ma vérité première, occupant ma mémoire d’une unique façon. Je sourirai au monde et tu me souriras. Nous nous reconnaîtrons et tutoierons la vie sans peur du lendemain. Je serai la demeure où tu mettras la clé. Je crois que tu connais déjà mon intérieur. Pas besoin d’allumer. Mes mains te guideront jusqu’au temple sacré où la flamme patiente avant de s’emporter. Nos braises réciproques persisteront longtemps. Bien après l’incendie. Dans le secret des nuits, nous ferons de l’aurore une fête païenne où je provoquerai le temps qui nous est dû. Mon regard dans le tien, nous recommencerons dans le petit matin. octobre 2016

Hors chants/Regain

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Quelque chose qui dure dans l’automne naissant. Un soleil accordé répand une douceur. Un temps inespéré. Comme si la saison traînait encore un peu. Généreuse attention tandis que la forêt revêt d’autres couleurs. L’été s’est imprégné au cœur de la nature. La feuille mordorée s’envole et se souvient des soirées de juillet quand l’horizon flambait. On riait, on dansait, on vivait l’insouciance. On avait tout le temps d’inventer des moments faits de petits bonheurs. Un regard, un sourire, une belle amitié qui s’offrait sans merci et embrasait le cœur. La chaleur des lampions nous mettait dans l’ambiance. La trompette jouait, les notes s’envolaient et la lune luisait, attentive et sereine. Le tuba s’extasiait. Le piano s’emballait, prenait des libertés qu’on ne prend qu’en été. Quand les nuits sont si belles et la voûte bleutée sans trace de nuages. Quand les étoiles filent et emportent avec elles nos vœux les plus précieux en laissant dans le ciel une traînée d’espoir. Quelque chose qui

Hors chants/Silence 15

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Réfléchis tes pensées sur la feuille dédiée aux lignes bien tracées. Prends soin de tout écrire en y mettant du fond et la forme viendra. Déballe l’intérieur, sois honnête avec toi en y mettant du cœur. Quand tu auras fini, enveloppe et cachette. Si jamais il te semble oublier quelque chose, hésite et considère, développe et reprends, les mots c’est important. Tu sais qu’une rature peut éviter le  pire. Redis-le autrement ou ne dis rien du tout. Quelquefois le silence vaut mieux qu’une bavure, cette tache insoluble qui peut blesser des êtres et leur pourrir la vie. Déchire tes idées, préserve l’amitié. Censure le passé, n’envoie pas cette lettre. L’oubli saura venir, discrétion assurée. Efface et abstiens toi, la poubelle est si près. septembre 2016

Hors chants/Silence 14

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Une courbe, un tracé. Un rayon de lumière. Une émotion qui naît sur le blanc de la pierre. Tes mains comme une offrande qui me disent tout bas, je n’ai rien à cacher et j’ai tout à donner. Quand le creux de tes reins m’entraîne un peu plus loin, j’aime ta nudité. Pour sa simplicité. Elle est belle et sans fard, elle est sans complaisance. Faite de ces défauts sur lesquels on s’attarde. Parce qu’il s font de toi un être à part entière. De faille en éraflure, le temps t’a modelé. De souffrance en brisure, je t’ai accompagné.  Sur le blanc de ta peau, je pose mon regard et je traîne sans fin. Je ne me lasse pas. Je suis loin d’avoir fait le tour de ta personne mais tu es devenu cet être qu’on préfère, cet être un peu à part, aux traits particuliers, si doux à effleurer. Tiens là, une écorchure, la trace d’un moment, la griffe d’un rosier. Je te reconnaîtrais même les yeux bandés. Je n’ai cessé d’apprendre et je sais t’apprécier. Cela fait si longtemps, je ne peux me tromper. Musée Ro

Hors chants/Silence 13

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Déceler le moment où tu m’écouteras. Quand tu prendras le temps de regarder vers moi. La fenêtre est ouverte, l’été est encore là. Tu vois, je n’ai pas froid. Je me dis que peut-être tu me discerneras. J’aimerais tant savoir te dire l’important. Déblayer l’inutile pour mieux percer à jour, l’obscur de ton silence. Un espace sans nom qui ne m’appartient pas. Je ne sais où tu es et ni ce que tu pens es. Je voudrais te trouver à cet endroit précis où nous nous comprendrons. Mais je préfère me taire. J’ai trop peur d’annoncer ce qui ne convient pas. J’essaie de ravaler tous mes mots de travers. Je sais, je dramatise. Je regarde le temps qui teinte la fenêtre. Je me couvre de vent et t’envoie sans maudire, des paroles en l’air. Des paroles futiles. Eclatées dans un rire et tant pis pour le reste. Mon rire a ce mérite, c’est qu’il se veut sincère. septembre 2016

Hors chants/Silence 12

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L’été s’en est allé derrière la colline. J’ai apaisé mes mots dans le soleil couchant. Le soir était si doux et le ciel orangé, je n’avais pas envie de troubler le présent. D’avoir à ressasser l’amer des sentiments. Laisser monter en moi cette vague tranquille qui vient brasser le temps, celui qui me manquait. Celui que je croyais perdu à tout jamais. En moi cet infini. Ma conscience est sans murs. Et mon corps est au vent. Ma vie est suspendue, l’horizon rassurant. Donner de l’amplitude au regard qui s’étend. Dans le soir qui m’étreint, je m’abandonne enfin. Une feuille tournoie. Et le souffle du vent m’apprend à respirer tout à fait autrement. septembre 2016

Variation

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Je traîne au hasard des buissons Imperceptible changement Le soleil a brûlé les peaux Tout un été, sans concession Le sable blond froissait nos pas Et s’écoulait entre nos doigts Le ciel était d’un bleu profond J’en ai gardé au coin des yeux Oui juste un peu, encore un peu Pour éclairer les jours pluvieux Bientôt le gris et le grand vent Viendront à bout de nos passions La fleur a percé sans histoire Un jour d’automne au ciel clément Elle offrait toute sa blancheur Sur le sentier abandonné Aux friches de tout un été C’était un répit dérisoire Bientôt nos tout premiers frissons Je traîne au fond de mon placard Je m’acclimate au temps présent En accrochant mes idées noires Je dépoussière mon manteau Bientôt la rouille aura raison Du plus doux de mes sentiments septembre 2016

Hors chants/Silence 11

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A flanc de toi j’ai bivouaqué. Couchés dans l’herbe on s’amusait à regarder passer l’été. Une étincelle entre deux braises, le feu s’éteignait peu à peu. Le soleil avait des pâleurs sous son cortège de nuages. Mes pensées volatiles flottaient dans leur sillage. J’ai fait en aparté le portrait de nos consentements. Dans l’absolu du ciel, nous avions encore toutes nos chances. Deux tendresses accolé es, deux êtres en résidence quand le lièvre est passé à quelques pas de nous. Dans l’air fondamental qui nous réunissait, nous avons conjugué une seconde ou deux. Resserrement des cœurs et l’envie de se fondre dans le paysage. Un besoin d’unifier, une porosité. Puis l’image a changé. En un bond, l’animal a provoqué en nous une disparition. Un vide quelque part. Comme un trou dans la toile. Je ne prévoyais rien quand ta main est venue s’épancher sur ma peau. Dans un geste feutré tu as ranimé la dernière étincelle. Le bleu s’est révélé sous un nuage obscur. La vie était si près. Et ta bouche s

Hors chants/Silence 10

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Ton souffle comme un vent a pénétré mon âme. Le monde se soulève entre nos quatre murs. La ville s’est éteinte mais tout devient mouvant derrière les volets. Les ombres débordantes viennent se réchauffer autour de l’abat-jour. Le plafond se constelle d’étoiles. Je franchis l’épaisseur de temps qui nous sépare encore. Ça y est. Nous sommes dans l’étreinte. Les ombres se dissipent. Je ne t’appartien s pas mais je suis accessible. Dans l’heure contenue, je vois un peu plus loin. Au fond de ton iris, luit une flamme insensée. Je m’y attarde un peu. Le galet de ta peau révèle des arômes, sensuels et masculins.  Musc et embruns s’imprègnent sur la face du temps. Ton haleine m’emporte, nos bouches sont scellées et nos langues s’allient dans un pacte charnel. Dans nos cœurs, une seule et même pulsation. L’émotion d’un élan. Nous gravissons ensemble les marches du suprême jusqu’au vertige de la chute. septembre 2016

Hors chants/Silence 9

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Dans la nudité sauvage de nos désirs, nous retrouverons l’ardente saveur d’un recommencement. Les nuits saliveront à notre approche. Nous perdrons notre appartenance pour mieux nous épancher. Et j’entendrai ton cri du haut de ma tourmente. Je descendrai de moi pour atteindre tes bras. Je lisserai le temps, j’ouvrirai tes paupières. Tu me contempleras. Le vent sera tombé. Quelque part dieu sait où, la terre aboutira. Unité de la chair. Au centre, le pouvoir de nos sens, la splendeur de nos jours, la folie de l’amour. Je te dirai encore, la nuit s’entrouvrira, la vie retentira. Les orgues joueront les notes exaltées de nos corps en fusion. Et nous boirons le lait de l’univers. septembre 2016

Hors chants/Silence 8

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Quand nos corps assemblés en un point, sauront enfin trouver ce langage commun, fait de chair, de sueur et de sang, le temps prendra alors une autre dimension. Nous ne serons plus qu’un et multiples à la fois. Tout au bord de l’énigme qui nous a créés. Avides de savoir, nous irons effleurer un peu de ce pourquoi. Nos mots éparpillés, nous serons dépouillés d’un verbiage inutile. De nos bouches sortira le silence, comme un long fleuve scintillant. Dans le prolongement de l’autre, nos doigts se croiseront et nous recueillerons les preuves tangibles de notre existence. En nous, cette écriture. septembre 2016

Hors chants /Silence 7

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Vivrons-nous assez longtemps sous la voûte du ciel, pour pouvoir un beau jour connaître l’essentiel ? Je ne sais, je ne sais … J’essaie d’être attentive au moindre froissement et je supporte en moi la moindre des brisures. Quand le ciel est pesant, je deviens solitaire. Parfois il faut se taire, retrouver le terrier. Surtout ne plus bouger. Oublier l’essentiel et n’être plus que soi. Dans un petit cocon. Revenir à l’avant. Lentement, doucement. Remonter dans le temps. Jusqu’au ventre charnel, à l’embryon de vie imprégné d’innocence. Douceur du ver à soie. septembre 2016

Un mot

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Le contre poids d’un mot  Déchirant le silence Un pavé dans la mare Et des éclaboussures Pour créer l’incidence  L’écrire De tes doigts coulent l’encre Sur ta peau parchemin Tu fais suinter le temps Là-bas, un peu plus loin Au creux d’une nervure Palpite un mot de plus Une idée en suspens Tu la mets dans un coin Et saisis le présent Un mot c’est déjà bien Un mot c’est déjà tout Tu sais, ça prend du temps Pour en faire le tour Pour le reste c’est sûr On verra ça demain septembre 2016

Hors chants/ Silence 6

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J’avance sur le fil que la vie m’a tendu. Je ne sais pas vraiment ce qui m’attend devant. Invisible destin et c’est très bien ainsi. Lorsque je me retourne, je ne regrette rien. Si c’était à refaire, je recommencerai. Du début à la fin et même un peu plus loin. Il est de ces moments qui resteront uniques. Il est de ces voyages que l’on n’oublie jamais. Il est de ces rencontres qui nous rendent plus riches. Des regards plus profonds qui racontent une histoire dont on se souviendra.  Il y a quelque part, quelqu’un qui pense à moi. Il est de ces tendresses qui ne s’expliquent pas. Il existe des êtres que l’on voudrait pouvoir serrer tout contre soi. septembre 2016

Murmures

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Ce que je dis tout bas Tu ne peux le comprendre Je murmure à tout va Tous mes petits secrets Et si tu n’entends pas Peu importe j’aurai Soulagé ma conscience Délivré mes outrances Les murmures ont parfois Cette qualité là septembre 2016

Hors chants/ Silence 5

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Chaque jour je gravis quelques marches de plus. Dans le silence matinal, le bois craque et me répond. La maison dort encore, volets clos, repliée sur son propre décor. Une vie en suspens qui attend le moment de reprendre son cours. La lumière d’une lampe dessine sur le mur des ombres rassurantes. Sur la table, quelques livres épars me racontent une histoire. J’en prends un au hasard. Je me laisse  porter par la sonorité puis je saisis le sens. Première nourriture et premières émotions au revers d’une page. Paroles chuchotées, dans l’air, une incidence. Je m’étire et le chat me regarde. Complice. Il s’étire lui aussi. Des bribes de rêves s’échappent et disparaissent. Lambeaux épars de ma nuit en partance. Mes pensées prennent forment dans la semi-obscurité. C’est un moment à part, où rien n’a commencé. Une pause, une trêve à la marge de l’existence. Le clocher reste muet. Trop tôt pour s’exprimer. Il est cinq heures. Le temps prend sa mesure dans mon bol de café. septembre 2016

Soyons heureux

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Soyons heureux tant que le ciel Nous abreuve de sa lumière Rien ne remplacera jamais La pureté d’un matin clair Dans la fraîcheur de la rosée Quand le soleil se lève à peine Et que la vie va commencer J’ai eu envie de respirer De m’emparer d’un ciel d’été Envie de bleu sur mes paupières Envie de générosité Sentir le vent et son haleine Glisser sur ma peau découverte Envie d’amour et de bonté Et de savoir encore donner J’ai ouvert toutes les fenêtres Pour faire entrer la terre entière Et l’accueillir à bras ouverts septembre 2016

Animal

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Voici le vent Les museaux contrarient la poussière  Sur les chemins de campagne Les herbiers se composent Le temps se décompose  Dans le fatras du monde Une fleur a poussé Unique et improbable au milieu du chantier Respirer quand les chiens sont lâchés Tout au bout du sentier, s’éteignent les genêts Une course et le vent qui halète Les langues assoiffées sont imprégnées de l’air Faire halte Une odeur qui tournoie Impudique et sauvage Les chiens aboient près du terrier Devant eux le grand noir de l’abîme La terre respire au bout des truffes Humides et affamées Tout autour Odeur d’humus et de forêt Laisser les chiens frémir et gratter le sentier Là-bas, sur la colline Les futaies ont caché le pelage doré Bruissements incertains Une biche est passée dans le plus grand secret Tandis que les gueules s'acharnent dans la terre septembre 2016

Hors chants/Silence 4

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De toi émerge mon tout Dans un jardin public où fleurent bon les secrets, les promeneurs s’esquivent de buisson en charmaie. La trémière se déploie sous la chaleur intense. Vibrations de l’été sur l’ombre incandescente des femmes épanouies. Le roux de tes cheveux embrase ma palette. Rien que le feu dans le soleil couchant. L’herbe s’enflamme à chacun de tes pas. Mon rêve ressurgit à l’orée de ta p eau. Où que je sois, tu sembles être. Tu es dans celles qui se trahissent par un éclat. Je te retrouve impunément sur le rire de chacune. Parce que je suis un amoureux. Transi sous le plomb de l’été. Et ta blancheur devient inaccessible sur les gorges offertes Chaque allée me suggère un allant disparu. Les pas ne sont plus tiens sur mes chemins perdus. Je cherche tes couleurs parmi les inconnues. La chaleur du couchant m’invite à l’imprévu. Et le nu des statues me trouble au plus haut point. Est-ce toi dévêtue qui chavire mes sens ? Rien n’est définitif. Je trouve la cadence dans

Hors chants/Silence 3

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Quand rien n’arrête le regard, l’immensité devient concrète. Dans le soir qui s’accomplit, la terre délivre sa chaleur. Le cyprès s’agrandit et projette son ombre sur l’écran bleu du temps. Il fait beau. Aucun bruit. Peut-être quelque part le murmure du vent. Et le grain du pavé devient doux sous mes pieds. Les montagnes soulèvent des milliers d’émotions. J’ai la sève qui monte rien qu’en les regardant. Tout là-bas dans le ciel, la forêt n’est que courbes, mystérieuse et sens uelle. Mon doigt suit le tracé de sa féminité. J’ai presque l’impression d’apprendre à exister. Dans le flux du moment, je saisis l’important. Ce qui me rend vivante. Le tout, le rien, le rose d’un nuage, l’ébauche d’un demain, dans le soir qui descend. La brise se soulève. Légère et insouciante. Elle transporte avec elle le parfum de la mer. Mes pensées délétères ont fui le temps présent. Je ne suis que matière, je bouge avec le vent. septembre 2016