Hors chants/Un jour

Une fois détachée de tout, l’automne me racontera ce que je n’ai su entrevoir. Désarmante simplicité si difficile à rencontrer. Quand l’arbre dénudé hantera la fougère, j’irai me concentrer sur l’infime éphémère. Le détail accompli qui passe inaperçu. L’invisible essentiel. Car grande est l’étendue d’un regard accordé quand il sait se frotter aux touches de la vie. La beauté ordinaire, ce qui va m’emporter, la course d’un chevreuil, la courbe d’un nuage, le rouge d’une feuille, ce qui va me grandir. Ce qui va m’accomplir. Ce qui va appuyer sur ma corde sensible. Pulsion du temps sur la paupière. Un battement dans la fougère. Le bruit de la forêt quand crissent les châtaignes. Le piquant sur les doigts, le présent qui se crée. Le goût de la poussière. Je deviens accessible au moindre courant d’air. Je ne suis que pollen. Un rêve en devenir, une danse légère. Et ce vent qui m’enlève avant de m’accrocher sur un carré de terre. Un jour je pousserai. Un jour je deviendrai un grand arbre habité. L’arbre aux mille senteurs. Pollen et jours d’été. La châtaigne se fend. Quelque part au-dedans, un feu s’est allumé.

octobre 2016


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