Du ciel à mes paupières

Cessons de nous dire à demain Du fond de nos tranchées sommaires Où l’on croit protéger l’aumône quotidienne Sans avoir à creuser le moindre sentiment La vie a besoin de nos ailes Dans l’intervalle inespéré Où nous avons semé Cet acte involontaire Fugace et insensé Ce semblant d’idéal Qui nous fait exister A la tige la sève A la feuille un soutien Fais-moi croire et vibrer Fais-moi te rencontrer Dans l’espace vacant Dont nous avions rêvé Fais-moi croire en l’amour Et je m’élèverai décembre 2018

Vaincre les peurs élémentaires Pour exposer ses sentiments Alors qu’une envie d’hiberner Nous pousse à l’intérieur D’une enclave chauffée A l’abri du moment Qui pourrait nous toucher décembre 2019

Relève-moi des cendres où je m’étais enfouie Un jour de mauvais grain Pour ne pas réagir aux luttes incessantes dont le temps se nourrit Irréversiblement Il faut que nous sachions puiser dans l’essentiel Sans pourvoir à demain Accepter l’oiseau mort qui raidit sur le sol La campagne déserte, le fleuve se figeant dans une morne plaine et les petits matins à peine décelables sous la brume pesante Aux portes de l’hiver, reconnais qui je suis Dans ce moule imparfait où j’ai blotti mon âme Le regard chiffonné, les lèvres sans atout et les cheveux défaits Aime-moi dans l’instant, prends-moi tel que tu es Avant que je m’égare Et que le lit ne gèle décembre 2018

A tire d’ailes, tu passais Plumes au vent dans les nuages Mon regard se tendait   Beaucoup plus haut que d’habitude Imprimait le hasard auquel tu te frottais Sans craindre l’au-delà   Je ne peux que t’aimer De quel pays viens-tu ? Le ciel se dissolvait au fur et à mesure Le froid était de neige et le matin sans voix Mon corps comme une flèche   Tentait de t’émouvoir D’atteindre quelque chose De pur et d'irréel Que pourrais-je inventer   Que tu n’aies déjà vu ? décembre 2018

Je voue une passion pour le vol éphémère D’un oiseau du présent Qui salue le matin en visant la lumière Avant de s’effacer Pour les êtres fragiles dont s’affiche la toile Incrustée de rosée Pour l’enfant qui s’élève Sur une balançoire Et va toucher le ciel Avant de m’embrasser décembre 2018

Fenêtre ouverte sur   Le jardin de décembre Dans une échappée belle, le soleil a parlé S’immisce dans les murs   Où je passe ma vie à tout repeindre en blanc Je pose un papillon sur une aspérité Dans l’attente d’un vol au souffle libertaire   Fragile corps aimant Perfection naturelle que nous avons biaisé Pour être plus clinquants L’hiver ne viendra pas, nous sommes trop pressés   Nous l’avons étouffé entre deux faux serments   Fenêtre ouverte sur Une opportunité   Aux subtiles nuances Sous le voile, l’aurore Douceur et volonté Malgré nos cœurs de pierre Un espace a fusé décembre 2018

Le jour se resserrait sur nos désillusions. La révolte sourdait quelque part au dehors tandis qu’un mauvais vent répandait la rumeur d’un désenchantement.   Entre nous, la raison reprenait ses appuis. Pourquoi sommes-nous là à contempler nos leurres ? Sous les pavés, le drame D’un acte réfléchi Sur la plage, l’épave   De nos convictions La nuit a grillagé le peu qui nous restait Choisis une couleur Je vais te dessiner un moment d’évasion Une voile, un flambeau, un soleil de midi Sur le sable, la mer   Efface nos erreurs  décembre 2018

J’ai laissé libre cours à mes élans du cœur Embrassé l’éphémère au plus près de la vie Et humé les senteurs que m’offrait le matin J’ai vécu l’instant T comme cigale au vent Sans crainte viscérale de ne rien posséder décembre 2018

Je cherche une réponse sur un papier d’antan où l'écho de ta voix bouscule ma mémoire. Sous mes doigts trop fébriles, les lignes ont tremblé. Les perruches tournoient, s’appellent et fendent l'air, repartent vers le soir sans avoir approché le pays où j’étais.   Est-ce qu'il a plu chez toi ? Je me sens un peu seule depuis cet entretien où tu m’avais conviée. Luxuriance des mots au parfum juvénile.   Dans ta déclaration, le temps rebondissait jusqu’aux confins du jour. Nous étions cette esquisse à l’espérance innée et l’amour transcendait les élans de nos corps à peine convaincus d’être ce qu’ils étaient Est-ce que ce que tu te souviens du tout premier baiser ? Raviver les bougies   Courir dans les genêts décembre 2018

Entre nous, j’ai soufflé les lumières flottantes d’un anniversaire Je ne sais plus lequel   L’automne s’engouffrait par la fenêtre ouverte mais nous n’avions pas froid Le vent était solaire et la voûte infinie Déjà tout ce temps là … je n’ai rien vu passer Ni vraiment tout compris Virevoltent les jours L’histoire se modifie, malgré toi, malgré nous Et fuse une étincelle au milieu de ma vie Tourbillonne l’amour Un moment, j’ai bien cru que j’allais m’ennuyer décembre 2018

Dans le flux nébuleux des mots en devenir, quelques rares pensées traversent mon esprit et vont mourir plus loin avant d’avoir éclos. Je deviens inaudible sous la lampe blafarde   A peine formulable Sans désir affiché ni motif apparent Sans émotion particulière Sans rien à te décrire qui soit déterminant Le vide crée du vide Et ma voix   Du silence   Au noir déconcertant Dis, comment je m’appelle ? décembre 2018

Du ciel à la couleur profonde de tes veines Un espace survient Je tente d’approcher une idée souterraine Crois-tu que l’on saurait retenir ce qui fut Tout en fêtant le jour avec le même éclat ? Dans tes mains de sourcier, l’irruption d’un poème novembre 2018

Dans les sombres remous de mon rêve esquissé, la nuit m’enveloppait d’un tissu mortuaire. Les images fuyaient, les mots se délitaient. Sur le mur éventré, suintait l’évocation de quelque chose à dire mais ma voix dérapait. Je n’avais pas de prise sur les ombres mouvantes qui venaient me narguer sans me tendre la main.  Bruits du temps que l’on froisse, le miroir perd son tain, ma mémoire s’effrite en tous petits morceaux dont je cherche le sens, une ligne à construire dans le cours d’un propos qui n’aurait pas de fin. Passe le vent maussade et clapote la pluie. Je flotte entre deux eaux, absorbe les ténèbres et vais sombrer plus loin. novembre 2018

Passagère intuitive d’un temps irrésolu, j’ai suivi au hasard les chemins intérieurs qui sillonnaient mes doutes pour tenter de donner un semblant de réponse à ce qui m’échappait. De dédale en mystère, j’ai voulu éclaircir ce qui me motivait. Je n’ai pas toujours su rester à la hauteur de qui je devenais. Les voyages sans but ont formé ma jeunesse. Je me suis égarée plus loin qu’il ne fallait.   Mais je crois que depuis, mon esprit est ouvert à toute conjoncture. novembre 2018

Lorsque j’ai décidé de rejouer la partie, le ciel était lavé de toute incertitude et propice au voyage. Je me suis programmée en mode irréfléchi sans prévoir où j’allais, dénuée d’intentions nuisant à l’imprévu.  J’ai ôté mes œillères et hasardé mes mains en pays inconnu   C’est là que je t’ai vu, occupant le lointain. Tu sais, cet horizon que l’on ne peut atteindre Alors j’ai réagi, une impulsion soudaine Auréolée de vie, j’ai sabordé l’hiver   Et tilté le soleil tout en haut de la page novembre 2018

Mettons les choses à plat jusqu’au moindre faux pli plutôt que de courir au large et de travers. Courage et restons là, dans l’infime mesure où sommeille l’envie, quitte à ne plus bouger.  Soyons francs du collier, ne tergiversons pas Laisse mes doigts rouler, aplanir la distance et trouver un refuge au plus près du vivant. Bien au chaud sous les draps. Laisse-moi t’approcher, je ne prends pas de place   Tu m’entends respirer ? Ce qui me tient debout peut loger dans tes bras. novembre 2018